Inconnus de la terre (Les)

Un film de Mario Ruspoli

 1962  France  Documentaire  Prise de vue réelle  37 mn  Noir & Blanc  Mode de production : Cinéma  VF

 Image : Roger Morillère, , Michel Brault, Quinto Albicocco  Son : Danièle Tessier

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Dernière mise à jour : 17 octobre 2008

« Cratères, causses, cavernes. La Lozère : le plus réussi des pays désolés, admirable en carte postale, comme tous les enfers refroidis. Une terre sèche : la pluie n’y reste pas. Elle rejoint aussitôt une éponge de calcaire, le refuge des légendes et des anciennes terreurs ». Sur cette terre vaine, « peuplée mais pas habitée », une poignée d’hommes s’est accroché. Ils sont les descendants de ceux qui ont affronté César à Alésia et des Camisards qui ont tenu tête à Louis XIV.

Contastin, septuagénaire, berger et fils de berger, a beau être seul au monde depuis la mort de sa femme, il n’envisage pas de partir. Ici l’air est pur, on se porte bien et on a bon appétit, surtout l’hiver, affirme-t-il, même si « le Causse, c’est joli pour les étrangers, mais pas pour nous autres ». Au fil de l’entretien, il déroule sa vie : fils d’une famille de neuf enfants, obligé de travailler dès sept ans et demi, la mobilisation en 1916, puis une dure vie de moissonneur, chez des patrons.

Gazo est un instituteur itinérant agricole. Son rôle ? « Éduquer les jeunes, essayer de les sortir de cette routine ancestrale, de cette demi-misère dans laquelle ils vivent. » Il voit chaque enfant une fois par semaine, à tour de rôle. En général, ceux-ci sont prêts à suivre ses conseils, mais ils se heurtent à l’incompréhension des parents qui refusent d’admettre qu’en travaillant plus intelligemment, en acceptant le travail temporaire, en intégrant les outils mécaniques, ils pourraient vivre mieux.

À Espère-sur-Enfer, sur le flanc de la Margeride, François Beaufils et sa famille vivent de l’élevage de vaches et de cochons. « Un pays perdu », dit-il, « où l’on ne mange que des pommes de terre ». Son rêve ? Un régime libéral, des chemins, des fontaines pour faire la lessive et des filles mariées « avec un type qui ait assez de pognon ».

Aux limites de la Cévenne, sur les flancs du Mont Aigoual, trois frères exploitent la ferme familiale après la mort du père. La trentaine, célibataires, ils souffrent de l’absence de femme, du mauvais temps, du « manque de débouchés » et de revenus trop faibles. Un jour ou l’autre, ils savent qu’ils feront comme tous ceux de leur génération : ils partiront pour la ville.

Vors, le défricheur, est enraciné dans l’Aubrac. « Il a quarante-cinq ans, une femme, un fils, deux bœufs »… et un tempérament férocement individualiste. Pour son fils, l’avenir est dans le regroupement, aussi bien pour l’achat de tracteurs que pour la commercialisation de la viande. « La collectivité pour l’individu, sinon le paysan du Gévaudan ou de l’Aigoual restera entravé, allant et venant sur une aridité pittoresque, il regardera ses racines au lieu de voir l’horizon ».

Le film dans la Base cinéma & société

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Les gestes du travail in D’hier à aujourd’hui, questionner le travail
Projeté dans le festival :
Rendez-vous de l’histoire de Blois (Blois)
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