Patrons-voyous : la Bourse contre l’emploi

Délocalisations brutales, déménagements d’ateliers entiers à l’insu des employés, on ne compte plus les mauvaises surprises faites aux salariés français ces dernières années. Si ces délocalisations sont parfois explicables, il arrive aussi qu’elles soient le fait de dirigeants incompétents, voire de « patrons-voyous ». En mai 2004, les employés d’une petite entreprise d’électronique du sud de la France visés par un plan social suite à une délocalisation sauvage décident de se révolter. Persuadés que le groupe Gespac, qui les a rachetés, est dirigé par un « patron-voyou », ils engagent avec lui un bras de fer qui va durer cinq semaines. Au fil des jours, les salariés découvrent l’ampleur des malversations commises par les dirigeants de leur groupe, pourtant coté en bourse : présentation de faux bilans, fausses factures, rachats sauvages d’entreprises, tout était bon pour bluffer les investisseurs et s’affranchir de la légalité. Bilan : près de 400 salariés licenciés et une faillite retentissante au cours de l’été 2004. Jean-Baptiste Rivoire et Patrick Coudurier ont suivi pendant quatre mois la révolte des « Gespac » et enquêté sur l’impunité de leurs dirigeants. Au nom de la libre entreprise, ni les hommes politiques, ni le gendarme de la Bourse, ni la justice n’ont su ou voulu intervenir. Patrons-voyous, le grand laxisme ?