Mourir à 30 ans
Un film de Romain Goupil
• 1982 • France • Documentaire • Prise de vue réelle • 97 mn • Noir & Blanc • Mode de production : Cinéma • VF
• Image : Sophie Goupil, Jean Chiabaut, Renan Polles • Son : Dominique Dalmasso, Jacques Kébadian • Montage : Françoise Prenant
• Distribution artistique : Michel Recanati, Romain Goupil, Alain Krivine, Alain Bureau, Pierre Goupil, Sophie Goupil, Henri Weber, Jacques Kébadian, Maurice Najman…
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Dernière mise à jour : 18 juin 2012
Après le suicide de son ami Michel Récanati, Romain Goupil s’interroge sur son passé militant d’extrême gauche, de membre des CAL (Comités d’action lycéens). Il insère au milieu d’images d’assemblées générales et de manifestations tournées en 1968, des documents intimes et des témoignages d’anciens camarades qui participent de ce portrait d’une génération.
« Quatorze ans plus tard, voilà qu’un film, Mourir à trente ans, de Romain Goupil, s’adresse à toute cette génération qui a « raté » l’événement (un peu comme on a raté à jamais, un tour de chant d’Edith Piaf), et nous met, très concrètement, au pied du mur de ce que fut mai 1968, nous fait toucher du doigt, fraternellement, en grand frère, cette plaie toujours vive, non pas pour nous mettre du sang sur les doigts, mais pour qu’on examine la dimension de la plaie, sa figuration, et la nature exacte du coutelas qui l’a ouverte. Enquête sur un espoir manipulé, enquête sur la mort d’un ami. Le sanglot reste intérieur, mais le film de Romain Goupil donne une terrible envie de pleurer. Pas seulement parce qu’il en va de la mort d’un jeune homme, mais parce qu’il en va de la mort de l’espoir de cet homme, et de toute une génération. Voyez ces têtes sur l’écran, ces visages interrogés devant le fond neutre d’un studio aménagé en appartement, comme ils sont marqués. On a un frisson de rescapé en pensant qu’on a seulement frôlé l’espoir, qu’une date de naissance a empêché qu’il nous atteigne, et on écope maintenant son contrecoup, comme un courant d’air glacial qui nous rase le dos, comme une zone sinistrée qui s’étend derrière nous dès qu’on tourne la tête.
Mourir à trente ans est un film inoubliable, parce qu’il marque la conscience, comme un tampon : si nous sommes bien des constructions individuelles qui se font lentement au cours de la vie, avec travaux d’élargissement, fissures ou effondrements, le film de Goupil nous désigne un trou, une pièce manquante que nous ne pouvions même pas colmater puisqu’elle nous était inconnue. Et parce qu’il est généreux, sincère, en même temps qu’il désigne ce vide, le film tente d’en faire un plein. »
Hervé Guibert, Le Monde, 17 juin 1982
Film programmé lors de la 3ème Décade Cinéma et Société 2008 sur les années 68 au cinéma
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