Pour aller plus loin… Mehdi Lallaoui
Mehdi Lallaoui et le cinéma au service de la vérité, de la justice et de la dignité
Par Geneviève Dreyfus-Amand
Réalisateur et écrivain, Mehdi Lallaoui est l’auteur de très nombreux films documentaires historiques. Sa démarche est toujours guidée par une quête incessante, à la fois rigoureuse et sensible, autour de pans oubliés ou volontairement tenus cachés de notre histoire. Rien, dans son travail, qui s’apparente à un esprit de vengeance ou une obligation de repentance, mais il met toute son énergie chaleureuse et son talent dans la rencontre avec des hommes et des femmes qui ont vécu des événements souvent tragiques, comme la guerre d’Algérie par exemple. Afin de faire émerger la complexité des événements et restituer, par là-même, la véracité des faits et la dignité de ceux qui ont été bafoués, premier pas vers une justice nécessaire.
Aux dates-anniversaires d’événements que la mémoire collective dominante entend passer sous silence, Mehdi Lallaoui, président de l’association Au nom de la mémoire, explore les archives et suscite des témoignages pour que notre société soit à même de porter un regard lucide sur son passé. En 1991, dans Le Silence du fleuve, il sort d’une occultation tenace la répression dont a été l’objet une manifestation pacifique, le 17 octobre 1961, d’Algériens de la région parisienne. En 1995, alors que l’on célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale, il réalise Les Massacres de Sétif, un certain 8 mai 1945. Alors que l’on s’approche de l’anniversaire des accords d’Évian, il a, avant tout le monde, encore une fois, sorti un magnifique triptyque au titre emblématique En finir avec la guerre, où il part à la rencontre d’anciens appelés, d’un Français d’Algérie et des anciens « porteurs de valises ».
Quasiment trente films plus tard, Mehdi Lallaoui a exploré de très nombreux aspects de notre histoire contemporaine depuis Un siècle d’immigration – film en trois volets – et des événements historiques plus anciens (La Commune de Paris, Ces Kabyles du Pacifique, Poilus d’ailleurs) jusqu’aux banlieues (Histoire des villes nouvelles, Du bidonville aux HLM, Val-Nord, fragments de banlieues) et à la Nouvelle-Calédonie (Jean-Marie Tjibaou ou le rêve d’indépendance), en passant par les ouvriers de l’industrie automobile (Retour sur l’Île-Seguin) ou Marseille (Marseille, Marseilles). Mehdi Lallaoui, homme de culture, à l’enthousiasme communicatif, s’est également intéressé à l’Imprimerie nationale (L’Imprimerie nationale pour mémoire) et au grand mécène et humaniste Albert Kahn (Le Voyage d’Albert Kahn) [1].
C’est dire combien la palette d’expression de Mehdi Lallaoui est riche et variée. Venez voir ses films et l’écouter en parler, on en ressort revigorés.