Gestes du repas (Les)

Quand l’ethnologue cinéaste Luc de Heusch sort sa caméra miroir pour dresser un portrait des Belges qui mangent, le résultat ne manque pas de piquant. Des premières tétées au cérémonial qui ponctue à heures plus ou moins fixes le quotidien, à table ou sur le pouce, des agapes collectives pour grandes occasions aux petites faims de la nuit, autant d’images qui défilent comme autant de visions possibles de nous-mêmes.

Il s’agit du premier chapitre d’une enquête internationale par le film, proposée par Henri Storck et patronnée par le Comité international du film ethnographique, sur la thématique des gestes du repas.
Nous passons environ un huitième de nos journées à manger. De l’aube d’un jour à la fin de l’année dialoguent la solitude et la communion, la pauvreté et l’abondance. Luc de Heusch filme ces gestes répétitifs qui semblent anodins et qui révèlent pourtant tant d’une culture particulière et d’une civilisation. Le film saisit par le reportage ou recrée par la mise en scène des situations authentiques qui ont été minutieusement observées auparavant. Les protagonistes en sont des ouvriers, des paysans, des bourgeois filmés dans les situations les plus simples et les plus familières.
À l’origine, un essai d’ethnographie cinématographique, neutre et distant, destiné à définir les Belges par la manière dont ils mangent. De fait, Luc de Heusch filme ses contemporains comme s’ils étaient des Papous.

Sélection de la Décade cinéma & société 2016