Maisons des sens

Dans les années 1980 à Reims, l’agence BCDE a expérimenté un nouveau type de logement social : des pavillons dédiés aux sens. Dix ans après, deux architectes de l’agence, Anne Reychman et Laurent Debrix, retournent sur les lieux pour voir comment les habitants se sont approprié le concept initial. Visite en leur compagnie, pour une enquête drolatique, mais instructive, sur la réception d’un projet architectural.

Les Maisons des sens ont été réalisées en périphérie de Reims sur un site vierge de toute histoire urbaine - 51 logements en 1987, 22 en 1990. Les pavillons, en béton préfabriqué, multiplient les effets de volumétrie à l’extérieur (décrochements, pans coupés, fenêtres d’angles) et, à l’intérieur, les relations visuelles entre les pièces. La Maison des odeurs et des papilles inventorie des séquences spatiales liées à la nutrition : angle de cuisine pour le petit déjeuner, tatami pour le dîner oriental. Des diffuseurs de parfums rythment la journée : café le matin, rouge à lèvres pour le baiser du soir. Les habitants sont plutôt satisfaits. Cependant, on mesure parfois le décalage plutôt cocasse entre l’idée de l’architecte et son application sur le terrain : la chambre des parents, par exemple, est « insonorisée », ce que déplore l’habitant qui n’entend pas pleurer ses enfants !