Crime de Monsieur Lange (Le)
Un film de Jean Renoir
• 1935 • France • Fiction • Prise de vue réelle • 84 mn • Noir & Blanc • Mode de production : Cinéma • VF
• Scénario : Jean Renoir et Jacques Prévert d’après une idée de Jean Castanier • Image : Jean Bachelet • Son : Guy Moreau • Montage : Marguerite Renoir • Musique originale : Jean Wiener
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Dernière mise à jour : 9 juin 2008
Batala est un éditeur sans scrupule, criblé de dettes , qui à la veille de son arrestation prend la fuite. Parmi les ouvriers, Monsieur Lange, écrit des feuilletons populaires, parmi lesquels
« Arizona Jim » . Bartala a usurpé les droits d’auteur du naif Monsieur Lange. Au moment où le feuilleton connaît un certain succès, après s’ être fait passer pour mort, Batala revient à son imprimerie qu’il trouve transformée en coopérative ouvrière. Monsieur Lange le tue et prend la fuie avec Valentine, la patronne de la blanchisserie qui se trouve dans la même courée parisienne que l’imprimerie.
Première rencontre de Jean Renoir et de Jacques Prévert, rencontre aussi avec l’équipe des comédiens du groupe Octobre, ce film reflète d’une façon prémonitoire les préoccupations du Front populaire : la solidarité ouvrière, contre les mauvais patrons. Dans la cour se croisent l’ensemble des protagonistes du film : les ouvriers qui viennent travailler à l’imprimerie, la blanchisseuse, ses ouvrières, le concierge , les habitants de l’immeuble.Ce film, c’est la peinture d’une petite communauté populaire, comme Paris en connaissait à l’époque . C’est dans cette cour que se développera l’intrigue, c’est un lieu circulairedans lequel Jean Renoir crééra les plus fabuleux mouvements de caméra de l’époque, dont le fameux panoramique à 360°, cité par André Bazin qui accompagne Lange , lorsqu’il quitte le bureau pour tuer Bartala.
Jean Renoir s’ est exprimé à propos de ce film, dans un entretien qu’il a donné aux Cahiers du Cinéma : « Ce n’est pas arrivé très souvent, dans l’histoire de mes films d’avoir un scénario qu’on suive exactement, je crois même que ça ne m’est jamais arrivé. Dans « Le Crime de Monsieur lange » , il s’est passé ce qui se passe très souvent avec moi. C’est à dire qu’on a un scénario, il est très bien écrit, on le sait, on se dit « tiens, on peut le tourner » puis on arrive sur le plateau. On fait répéter les acteurs et on s’aperçoit qu’il y a des formes de vie plus proche de l’esprit de ces acteurs, plus proches peut-être même de l’entourage, du décor, de ce qui se passe autour. Enfin, quoiqu’il en soit, « Le Crime de Monsieur Lange » n’ pas fait exception et j’ai demandé à Prévert de bien vouloir rester avec moi sur le plateau.(…) Et beaucoup des mots du film, dont quelques uns sont extrêmement brillants ont été trouvés grâce à cette improvisation. (…)
Maintenant le film représente autre chose pour moi. Techniquement, c’est un essai de lien, des fonds et du premier plan par le même plan. C’est un essai de mouvement de caméra réunissant à la fois ce qui se passe dans la vie, derrière les acteurs et ce qui se passe dans l’esprit des acteurs , en premier plan. (…) La caméra allait chercher les acteurs, les suivait, montait , descendait et ceci avec d’autant plus de difficultés que les décors étaient extrèmement étroits. C’était des décors naturels, construits autour d’une cour.D’ailleurs, le fait qu’on ait tourné dans une cour, explique aussi la mavaise qualité du son;;;mais je préfère un mauvais son à un doublage.
Critique
Première rencontre de Renoir et de Jacques Prévert. Rencontre aussi avec toute l’équipe des comédiens du groupe Octobre. L’idée du scénario était de Jean Castanier, un peintre d’origine espagnole qui signa les décors. Un scénario qui reflète bien les préoccupations de l’époque – l’idéalisme de la classe ouvrière, à la veille du Front populaire, la croyance en la solidarité ouvrière contre les mauvais patrons…
C’est tout d’abord un film de copains. La légende raconte, mais elle nous a été confirmée par plusieurs complices de Renoir, que nombre de scènes furent improvisées. Que le dialogue fût parfois écrit sur le plateau et que les soirées, copieusement arrosées, ne furent pas tristes, au grand dam des commanditaires. Enfermés pour les quatre cinquièmes du film dans le décor clos de la cour (le film s’intitulait primitivement Sur la cour), Renoir joue avec acteurs et lieux avec une fausse désinvolture. Il perfectionne son travail sur la profondeur de champ et crée les plus époustouflants mouvements de caméra de l’époque. Le fameux (depuis Bazin) panoramique circulaire à 360°, qui accompagne Lange lorsqu’il quitte le bureau pour tuer Batala, n’est pas qu’un geste technique gratuit : il accompagne toute une mise en scène circulaire, amorcée dans les mouvements du concierge ivre qui chante au début de la séquence. Le théâtre filmé ne propose jamais que trois murs, le quatrième n’apparaissant que dans les contrechamps. Ici, le monde est clos, comme dans le théâtre du Globe de Shakespeare, et l’avenir des héros se joue dans cet instant de vertige que nous fait partager la caméra. (…)
Roger Viry-Babel - In Jean Renoir La Règle du Jeu - (Ramsay Poche Cinéma)
Propos du réalisateur
« Ca n’est pas arrivé très souvent, dans l’histoire de mes films d’avoir un scénario qu’on suive exactement, je crois même que ça n’est jamais arrivé. Dans Le crime de Monsieur Lange, il s’est passé ce qui se passe très souvent avec moi. C’est-à-dire qu’on a un scénario, il est très bien écrit, on le sait, on se dit « tiens, mais on peut le tourner » , puis on arrive sur le plateau. On fait répéter les acteurs et on s’aperçoit qu’il y a des formes de vie plus proches de l’esprit de ces acteurs, plus proches peut être même de l’entourage, du décor, de ce qui se passe autour. Enfin, quoiqu’il en soit, Le crime de Monsieur Lange n’a pas fait exception et j’ai demandé à Prévert de bien vouloir rester avec moi sur le plateau (…)Et beaucoup des mots du film, dont quelques uns sont extrêmement brillants, ont été trouvés grâce à cette improvisation.(…)
Maintenant, le film représente d’autres choses aussi pour moi. Techniquement, c’est un essai de lien des fonds et du premier plan par le même plan. C’est un essai de mouvements de caméra réunissant à la fois ce qui se passe dans la vie, derrière les acteurs, et ce qui se passe dans l’esprit des acteurs en premier plan. (…) La caméra allait chercher les acteurs, les suivait, montait, descendait, et ceci avec d’autant plus de difficultés que les décors étaient extrêmement étroits. C’étaient des décors naturels construits autour d’une cour. D’ailleurs, le fait qu’on ait tourné dans cette cour explique aussi la mauvaise qualité du son…mais je préfère un mauvais son à un doublage. »
Jean Renoir - In Les Cahiers du cinéma Hors Série – Jean Renoir Entretien et Propos
Film programmé lors des rencontres « Autour du 1er mai » 2006 sur le Front Populaire
Pour découvrir ce film
- Plus d’informations sur le film :
Le film dans la Base cinéma & société
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- Fil de l’histoire :
- Projeté dans le festival :
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Journées cinématographiques dionysiennes « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » (Cinéma L’Écran, Saint-Denis)