He Fengming, chronique d’une femme chinoise

He Fengming, une Chinoise de 70 ans, s’avance lentement. Elle traverse une cité, entre dans son modeste appartement et s’installe dans un fauteuil. Face à la caméra, elle raconte sa vie. De la création de la République démocratique de Chine en 1949 jusqu’à aujourd’hui, elle livre un émouvant témoignage qui traverse toute l’histoire de la Chine maoïste et de ses bouleversements politiques.

He Fengming a cru à une Chine nouvelle. Elle a renoncé à des études universitaires pour adhérer, avec son mari, à la cause de la Chine socialiste. Mais accusés de «droitisme », tous deux endurent les humiliations des séances d’autocritique et les conditions effroyables des camps de travail. La lutte pour le peuple se transforme en combat pour survivre – d’ailleurs l’époux de He Fengming n’y résiste pas et meurt dans un camp. Cette femme qui se raconte est aujourd’hui «comme un fantôme qui revient nous transporter vers cette époque des extrémismes et de la terreur», dit le réalisateur. Son témoignage rend aussi bien compte des drames et des cruautés de l’Histoire, que de la force des sentiments: l’amour de He Fengming pour son mari paraît souvent agir comme un ultime rempart de l’humain face aux dérives violentes de l’idéologie.