Amis du plaisir (Les)

Proche d’Henri Storck (dont il fut l’assistant avant de devenir le gendre) et de Jean Rouch (avec qui il fonda le Comité International du Film Ethnographique en 1955), également collaborateur du groupe Cobra, Luc de Heusch vint au cinéma par l’ethnographie, réalisant au Kasai, puis au Rwanda, alors colonies belges, deux films qui, aujourd’hui encore, font autorité : Fête chez les Hamba (1955) et Rwanda : Tableaux d’une féodalité pastorale (1956). Filmant au plus près des gestes de la vie quotidienne, il appliqua ensuite sa méthode à son territoire d’origine, la Belgique, lui consacrant deux films - Les Gestes du repas (1958), Les Amis du plaisir (1961) -, portant sur ses habitants un regard tout à la fois tendre et décalé. Avec Déjà s’envole la fleur maigre (Paul Meyer, 1960), le chef-d’œuvre du cinéma belge, Les Amis du plaisir - portrait d’une petite société d’art dramatique dans une commune rurale - partage un même projet : articuler rigueur documentaire et goût du récit, filmer la réalité non seulement pour elle-même, mais plus sûrement encore pour son potentiel fictionnel.

Proche du principe de la « caméra participante » initié par Jean Rouch, Luc de Heusch n’hésitait pas en effet à remettre la réalité en scène, à faire rejouer les situations avec la complicité de ses protagonistes, confiant dans cette vérité nouvelle naissant toujours de la relation entre filmeurs et filmés. Le grand mérite des Amis du plaisir fut ainsi de parvenir à révéler la poésie de la vie quotidienne sans jamais sombrer dans le pittoresque, dévoilant le tissu affectif de l’existence humaine avec humilité.

D’après Emmanuel d’Autreppe, in le Dic Doc, Editions de la Communauté française de Belgique, 1999.

Film programmé lors des rencontres « Autour du 1er mai » 2007 sur le monde rural