Sauvez Angela !
Un film de Michel Duverger
• 1971 • France • Documentaire • Prise de vue réelle • 20 mn • Noir & Blanc
• Image : Michel Duverger • Son : Claude Martin • Montage : Claude Papin, Catherine Dehaut
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Dernière mise à jour : 16 octobre 2012
Sauvez Angela! revient sur la manifestation pour la libération d’Angela Davis qui se tient à Paris le 3 octobre 1971, tout en replaçant cet événement dans le contexte des luttes des noirs américains. L’introduction du film met ainsi cette journée en perspective par un montage de photographies illustrant divers incidents racistes aux États-Unis ainsi que leurs acteurs - qu’il s’agissent de lynchages, de répression violente de la part de membres du Ku Klux Klan, de groupes portant des insignes nazis comme de policiers blancs – mais aussi d’images de la guerre au Viêt Nam.
Elles sont montées avec des photographies de luttes qui s’opposent à ces politiques, et notamment du parti communiste américain dont est membre Angela Davis. Une voix-off lit des extraits de textes que cette dernière a écrit à propos de son parcours et de l’articulation possible entre luttes contre l’exploitation capitaliste, contre le racisme et l’impérialisme. Sur des cartons intercalés sont mentionnés plusieurs noms, de personnes ou de lieux évocateurs principalement de la lutte des droits civiques et des membres ou proches du Black Panther Party.
Parmi eux apparaissent ceux de Martin Luther King ou de James Meredith, figures de proue du mouvement pour les droits civiques, dont on peut aussi entendre l’hymne, We shall overcome, qui accompagnait les marches du mouvement. D’autres noms sont également mentionnés comme celui de Bobby Seale, un des fondateurs de Black Panthers, celui des Frères de Soledad, trois détenus - parmi lesquels se trouve Georges Jackson - accusés d’avoir tué un gardien de prisons en représailles de l’assassinat de trois noirs dans la prison de Soledad, ou encore Attica en référence au nom de la prison où eût lieu une mutinerie de prisonniers en septembre 1971. Cette dernière est liée à l’assassinat également évoqué de Georges Jackson dans sa cellule quelques jours auparavant, le 21 août c’est-à-dire la veille de son procès. Sa mort est encore très récente au moment de la manifestation, venant appuyer la revendication de libérer Angela Davis, afin qu’elle ne subisse pas le même sort.
Ainsi le combat pour sa libération apparaît comme une cause immédiate et urgente, mais s’inscrit dans ce contexte, dont les cortèges se font également l’écho. Le film montre la variété des moyens utilisés par la manifestation, qu’il s’agisse de banderoles, pancartes, ballons, saynètes de théâtre, des slogans ou des interventions à la tribune. Parmi les orateurs se trouvent Fania Davis, la sœur d’Angela, et Roland Favaro, secrétaire des jeunesses communistes à l’époque, que l’on retrouve vers la tête du cortège, avec à leur côté le poète Louis Aragon et Paul Laurent, membre du comité central du parti communiste. La caméra rend compte de la diversité des cortèges, composés de nombreux anonymes comme d’organisations, surtout de jeunes qui ont fait le déplacement à Paris. Parmi ces dernières on compte ainsi de nombreuses unions ou mouvements de jeunesse ou d’étudiants communistes, des unions de jeunes filles de France ou encore la fédération mondiale de la jeunesse démocratique.
À l’arrivée de la manifestation, les différents cortèges entrent sur la place de la Bastille où se tient la tribune. Des pancartes mentionnent des noms de personnes tuées aux États-Unis, ce qui participe à mettre en perspective la manifestation au regard d’une situation raciste d’ensemble par le rapprochement d’exécutions qui sont autant le fait de l’état par condamnation à la peine de mort - comme Sacco et Vanzetti ou les époux Rosenberg - ou par voie extra-légale - tel que Mark Clark, tué par la police - mais aussi des assassinats politiques perpétués par des ségrégationnistes blancs comme ce fut le cas pour Martin Luther King. Une saynète muette jouée par des manifestants met en scène le risque qu’Angela Davis ne les rejoigne avant que le film ne remette le son pour faire entendre un des derniers slogans, « Angela Vivra ». Puis un autre cortège qui arrive sur la place entonne l’Internationale, suivie d’une chanson pour la paix et la libération de tous les noirs pendant le générique.
(source : Ciné-Archives)
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