Etrangers des deux rives

Au début des années 1950, des milliers d’immigrés originaires du Maghreb arrivent en France, pour participer à l’effort de reconstruction de la France.

Aujourd’hui, après une vie de travail, au soir de leur vie, Mohan, Si Abdelkader, Si Amar se retrouvent dans une solitude totale, loin des leurs et de leur pays, remisant au placard des chimères un mythe du retour qui les a bercés une vie durant et qui leurs a donné la force d’aller de l’avant.

Loin du soleil de la Méditerranée, ils vivent dans des chambres d’hôtel exiguës, ou dans des foyers, de Lille, de Paris, de Marseille. Personnes attachantes, ils sont actuellement plusieurs dizaines de milliers à faire le va-et-vient entre leur pays d’adoption et leur patrie, ne se sentant bien ni dans l’un ni dans l’autre. Ces oubliés de l’intégration cultivent en leur fort intérieur le sentiment de rejet par les deux sociétés, de part et d’autre de la mer.

A leur pays d’accueil, ils ont donné leur vie d’homme et leur force de travail pour édifier la France. Pour leur pays d’origine, ils ont donné des enfants avec lesquels ils n’arrivent plus à communiquer et qu’ils ont vu grandir entre deux départs de ferry. Nombre d’entre eux n’ont pas eu le temps ni la présence d’esprit sans doute de construire leur vie.

Mohan, Si Abdelkader, Si Amar et tous ces « seniors » considèrent comme impossible un retour définitif vers leur terre natale. Ils continuent à vivre seul ou entre eux, n’attendant plus que l’ultime départ, peut-être pour enfin trouver cette quiétude qui leur a tant manqué.

(source : Les Films du cyclope)