Espace d’un homme (L’)

Portrait d’Alexander Grothendieck, un des plus grands mathématiciens contemporains. Génie absolu, homme sans concession, Grothendieck est l’un des premiers écologistes politiques en France. Il a organisé son retrait de la communauté des hommes, et cependant l’oublier est impossible, tant il a refondé les mathématiques et placé haut son exigence pour l’homme.

Médaille Fields en 1966, il refusa le prix Crafoord en 1988 : « Accepter d’entrer dans le jeu des prix et récompenses serait aussi donner ma caution à un esprit et à une évolution, dans le monde scientifique, que je reconnais comme profondément malsains, et d’ailleurs condamnés à disparaître à brève échéance ».

Note d’intention du réalisateur

« Ce film voyage à la recherche d′un homme véritablement extraordinaire, un des plus grands génies mathématiques de tous les temps, radical, admiré, rejeté et qui s’est finalement retiré d′un monde trop éloigné de l′intransigeance de ses idéaux. Précurseur génial en mathématiques, mondialement reconnu, Alexander Grotendieck a anticipé les désastres écologiques où une science aveuglément asservie aux intérêts matérialistes pourrait mener l′humanité tout entière…
Rebelle de naissance en quelque sorte, il a traversé toutes les failles de l′histoire du vingtième siècle d′Allemagne en France, et s′est trouvé au point de rupture de la politique, de l′idéologie et de la théorie. Homme et esprit libre, il n′a jamais accepté de se soumettre.
Aller à la recherche de cet homme exemplaire, c′est se confronter à la beauté pure de l′exigence, à l′intransigeance du désintéressement et au refus ou à l′impossibilité des hommes à l′accepter vraiment. C′est faire partager l′alliance profonde entre l′intelligence et la poésie qui permet de s′approcher des secrets du monde. C′est aider à comprendre cette force sourde, profonde, incontrôlable qui pousse un esprit hors norme à l′engagement total et par là-même à l′incompréhension du monde.
L′homme n′est pas un agneau. Il a sa part d′ombre, ses terreurs, ses fantasmes. Mais la leçon de sa vie porte encore : les scientifiques ne peuvent s′abstraire d’une pensée citoyenne, d′une prise de conscience de leur responsabilité sociale.

Et nous-mêmes ? »