Affaire Dreyfus (L’)

En 1894, après son jugement militaire et sa dégradation infamante (on lui arrache ses épaulettes et l’on brise son sabre d’officier), transféré au bagne de l’île du Diable (Guyane) pour haute trahison (il aurait livré à l’ennemi prussien des documents classés secret défense), le capitaine Alfred Dreyfus est attaché à son lit chaque nuit. Le suicide du colonel Henry et sa lettre de confession permettent son retour en France et la perspective d’un nouveau procès. À Rennes, l’accusé prépare sa défense avec l’avocat Fernand Labori qui réchappe de peu à un attentat. Le film se termine sur le nouveau procès, tenu en 1899, où Dreyfus est reconnu coupable de trahison mais «avec circonstances atténuantes»…

Première véritable fiction sur « l’Affaire », ce film a été réalisé par un Georges Méliès très favorable à la cause dreyfusarde. Caricaturiste, il avait déjà pris fait et cause pour le capitaine, et interprète d’ailleurs lui-même, dans son film, le rôle de Labori, l’un des avocats de Dreyfus. Tourné en plusieurs temps, au moment même où se déroulait le procès de Rennes, le film atteste de l’intérêt des cinéastes pour les actualités reconstituées en studio avec des acteurs. Il est généralement considéré comme le premier film politique jamais réalisé.