Alice Guy, l’inconnue du 7e art

À l’aube du XXe siècle, alors que le monde se passionne pour les images en mouvement, fruit des expérimentations d’Edison et des frères Lumière, la jeune Alice Guy est engagée comme secrétaire au service de Léon Gaumont. Sur son temps libre, elle se met à réaliser de courts films fantaisistes pour promouvoir le chronophotographe de la société. Leur succès est immédiat : promue directrice de production chez la Gaumont, la jeune femme à la créativité débridée réalisera en une dizaine d’années quelque deux cents courts ou moyens métrages, avant d’embarquer pour New York, où elle fonde en 1910, avec son époux Herbert Blaché, sa société de production. Au faîte de sa popularité, la puissante Solax produira jusqu’à deux films par semaine, faisant d’Alice Guy la femme d’affaires la mieux payée des États-Unis…

Mais aujourd’hui, qui, en dehors des cinéphiles, connaît Alice Guy, qui fut pourtant la première femme derrière la caméra et la première réalisatrice et productrice de films de fiction de l’histoire ? Raconté à la première personne, ce beau documentaire, nourri d’un impressionnant travail d’archives et illustré par la dessinatrice Catel Muller, redonne sa juste place à cette pionnière, dont le nom a été effacé de l’histoire du septième art. Si une partie de ses films a été perdue, de patientes recherches ont permis d’en identifier une centaine, souvent attribués à tort à des collaborateurs : des pépites d’humour et de poésie, sonorisées pour l’occasion – un procédé dont Alice Guy fut, là encore, pionnière –, dont des extraits émaillent ce documentaire.