Maël et la révolution

Rien ne prédisposait Maël, 17 ans, à s’engager dans les luttes environnementales. Élève en lycée agricole, il nourrit une conscience politique critique et curieuse à la croisée des mondes. A la manière d’un roman d’apprentissage, le film regarde Maël semer des légumes et des idées, grandir, et devenir au gré des soubresauts de l’adolescence, un citoyen à part entière.

Issu d’un milieu populaire, Maël a construit son éducation politique hors du milieu familial. Elle s’est nourrie de l’organisation des manifestations contre la réforme du bac, des retraites, du réseau qu’il a tissé avec les militants engagés dans d’autres luttes sociales, environnementales, anti-fascistes ou féministes mais aussi de son rapport émancipé aux adultes.

Il est devenu végétarien dans un milieu où la chasse et le grand prix moto du Mans sont au sommet de l’art de vivre. Chez lui, on ne mange pas bio parce que c’est trop cher. Alors il a demandé à ses parents un petit jardin ouvrier et pour quelques dizaines d’euros par an, il loue une parcelle et se lance dans la permaculture. Maël n’est pas le vilain petit canard qui entamerait son parcours de transclasse. Il comprend un peu plus chaque jour qu’il existe différentes manières de vivre et de penser.

Dans le lycée où il a préparé son bac pro horticole en alternance, il est à première vue impossible de distinguer Maël de ses camarades, issus de la même France périphérique. Mais il ne partage aucune des idées majoritaires et conservatrices qui circulent dans son lycée, qu’elles concernent l’agriculture ou plus largement la vie en société. Ici, on n’aime pas les écolos et les idées d’extrêmes-droites se revendiquent sans complexe.

Il y a dans la vie de Maël une abondance de gens et d’expériences. Il occupe et traverse de nombreux espaces. Sa vie militante brasse des idées aux antipodes de celles qui circulent au CFA. Céline Thiou a voulu faire progresser la narration du film vers un rapprochement des mondes, appuyer les tentatives de Maël pour rendre plus poreux des milieux et des gens qui, au mieux, s’ignorent.