Note d’intention
Le premier film des Frères Lumière met en scène des ouvriers sortant de l’usine. Il en existe plusieurs versions. Dans la première, ils sont en tenue de travail. Dans les deux suivantes, ils ont revêtu leurs habits du dimanche. Où est la vérité ? Dans les trois versions ensemble, car les ouvriers travaillent, vivent, aiment, se divertissent et luttent ; c’est de ces diverses facettes de l’expérience ouvrière que témoignera la Décade cinéma et société.
En ces temps où l’image se détourne à loisir, la Décade a choisi de revenir aux sources du cinéma pour inviter à réfléchir aux multiples images de la classe ouvrière. Le cinéma, en effet, a accompagné les transformations de la condition des ouvriers, naguère conscients d’appartenir à une classe porteuse d’avenir comme dans Le Rendez-vous des quais ou Le Sel de la terre, aujourd’hui soumis à l’individualisation des tâches et à la précarité comme le montre parmi beaucoup d’autres le film sur les employés de France Télécom : France Télécom, Malade à en mourir.
Une trame cependant traversera cette Décade, montrer des films qui témoignent de l’esprit de solidarité et de résistance, de la combativité pour la conquête des droits et de la dignité. De la France aux États-Unis, en passant par le mouvement des coopératives argentines, Autour du 1er mai et Peuple et culture entendent bien réaffirmer qu’être ouvrier c’est bien la classe !