Industrial britain
Un film de Robert J. Flaherty
• 1931 • Grande Bretagne • Documentaire • Prise de vue réelle • 20 mn • Noir & Blanc • Mode de production : Cinéma • VO (anglais)
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Dernière mise à jour : 24 novembre 2008
Industrial Britain est un film de commande. Dans les années 3o en Angleterre, John Grierson, théoricien du cinéma et réalisateur (Drifters, 1929, Coal Face, 1935), a créé au sein du ministère du commerce extérieur un service cinématographique chargé de la promotion des produits britanniques. Il passe commande à Flaherty d’un film sur l’industrie britannique. Dans Industrial Britain Flaherty promène sa caméra dans la campagne anglaise, le long des fleuves et au bord de mer autant que dans les paysages industriels, mines et usines de verre ou d’acier. Il réalise ainsi un hommage au savoir-faire des ouvriers britanniques, savoir-faire indispensable à l’industrie contemporaine.
Industrial Britain est un film romantique en tant qu’il refuse la modernité. Les gros plans et portraits des ouvriers les individualisent. La caméra s’arrête sur leurs gestes, montre la grâce du savoir-faire humain opposée aux mécanismes des machines. Le rythme du montage donne au film son dynamisme. Les images du film sont parfaitement composées. Leur beauté, leur lyrisme confinent au mythe. Comme à son habitude, Flaherty a tourné sans aucune écriture préalable. Il a filmé ce qui le touchait de façon intuitive et spontanée et procédé à des mises en scène de situations choisies. Le caractère imprévisible de cette façon de faire est incompatible avec les exigences institutionnelles. Flaherty est licencié et c’est un autre réalisateur qui terminera le travail. Industrial Britain est donc un hybride alliant l’esthétique de Flaherty à une visée résolument sociale portée par un commentaire très affirmatif. Ce film fera école et marque une étape dans l’histoire du documentaire britannique : les documentaristes anglais se serviront dorénavant de moyens formels pour servir un contenu social.
Robert Flaherty est né en 1884 aux Etats-Unis. Après des études de géologie et de minéralogie, il part explorer la baie d’Hudson au Canada pour le compte d’une compagnie de chemins de fer. Son patron lui met une caméra dans les mains afin qu’il lui rapporte des images du Grand Nord. Après cette expérience, Flaherty décide de devenir réalisateur et de filmer des populations éloignées à partir de leur fréquentation assidue et d’une expérience longue de terrain. Ce principe de travail sera cher plus tard au cinéma direct. Il est également considéré comme le père de la docu-fiction et de l’ethno-fiction. En effet, afin d’être au plus près de ce qu’il considère comme la vérité profonde, il dramatise les situations par des mises en scène, n’hésite pas à employer des acteurs, à faire rejouer des situations. Cette méthode pionnière sera plus tard utilisée méthodologiquement par Jean Rouch.
Flaherty réalisera de cette façon Nanouk l’Esquimau (1922), Moana (1926), filmé en Polynésie, l’Homme d’Aran (1934), tourné dans les Iles d’Aran en Irlande, Louisiana Story (1948), qui traite de l’installation d’une plateforme d’extraction de pétrole en Louisiane.
Le film dans la Base cinéma & société
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