Affiche du film © Avis de tempête productions

200 000 fantômes (Nijuman no borei)

Un film de Jean-Gabriel Périot

 2007  France  Film expérimental  Prise de vue réelle  10 mn  N&B et Couleur  Mode de production : Cinéma

 Scénario : Jean-Gabriel Périot  Son : Xavier Thibault, Laure Arto  Montage : Jean-Gabriel Périot  Musique originale : Current 93 David Tibet

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Dernière mise à jour : 9 août 2019

Parce que Jean-Gabriel Périot sait très bien qu’entre l’horreur et la façon de la représenter, il existe un gouffre immense, cet humaniste convaincu a voulu témoigner à sa façon de la plus grande catastrophe nucléaire que le monde a connue et raviver ainsi les flammes d’un souvenir honteux. « Nijuman no borei » rappelle avec une originalité remarquable la nuit du 6 août 1945, celle qui a vu la destruction d’Hiroshima.

À l’aide d’une multitude d’images d’archives, Périot s’amuse à retracer l’histoire d’Hiroshima, de 1914 à 2006. Celle-ci peut se partager en deux parties, avant et après l’explosion de la bombe atomique. Il livre un portrait éclaté de la ville nous confrontant à l’impossibilité de retracer la linéarité d’un passé douloureux. Les images d’archives se superposent les unes aux autres faisant l’effet de dias de famille que l’on passe après un bon repas, se remémorant telle coupe hideuse ou tel objet perdu au fil des déménagements. Et pourtant, ce n’est pas une histoire individuelle que tente de nous conter le cinéaste mais bien une histoire collective. Au même titre que les dates historiques que l’on arbore avec fierté, cette tragédie doit être déterrée des abîmes de la mémoire et expliquée au monde pour ne plus la répéter mais aussi pour prendre conscience que même si l’on n’était pas là la nuit du 6 août 1945 et que l’on n’y a rien vu, Hiroshima réside en nous malgré tout, comme un murmure incertain, comme une preuve tangible de l’indicible.

L’audace formelle dont le film fait preuve dénote d’une volonté d’impliquer totalement celui qui regarde, au-delà de l’informer, Périot choisit de lui faire ressentir l’absence et le manque perçus dans les clichés d’avant et après la catastrophe. Dans la difficulté de représenter le néant, il intègre une image blanche, des silences significatifs et puis surtout la chanson “Larkspur et Lazarus” de Current 93 qui offre une magnifique réponse sonore aux images d’archives, comme si la poésie seule pouvait nommer l’ineffable et s’en approcher au point de s’unir à lui. Dédié aux 200.000 fantômes qui hanteront toujours la ville d’Hiroshima, « Nijuman no borei » est à l’image du Dôme de Genbaku, un véritable hymne à la paix.

Marie Bergeret, Format court

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XXe siècle in L’Histoire, territoire de la mémoire ?
Fil de l’histoire :
Seconde Guerre mondiale
Projeté dans les festivals :
Traces de vies (Vic Le comte)
Les Écrans documentaires (Arcueil)
Sciences en bobines (Toute la France)
Paris courts devant (Paris)
Festival du Film de Vendôme (Vendôme)
Côté Court (Pantin)
États généraux du film documentaire (Lussas)
Escales documentaires - Festival International du film documentaire de La Rochelle (La Rochelle)
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Résistances - Festival International de Films (Foix)
Corsica.Doc (Ajaccio)
Festival « À nous de voir, science et cinéma » (Oullins)