La Vème République, au cœur du pouvoir
Un film de Gabriel le Bomin
• 2018 • France • Documentaire • Prise de vue réelle • 9 X 90 mn • Couleur • Mode de production : Télévision
• Scénario : Patrice Duhamel, Gabriel Le Bomin
- Producteur :
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Dernière mise à jour : 5 juillet 2024
Le retour au pouvoir du général de Gaulle, l’indépendance de l’Algérie, Mai 68, la mort de Georges Pompidou, le duel Giscard-Chirac, l’alternance de 1981, la première cohabitation, la guerre du Golfe, la dissolution manquée de Chirac, la vague terroriste de 2015 et, bien sûr, les grandes crises sociales que tous ont affrontées : « Au cœur du pouvoir » raconte ces soixante ans d’histoire de la Ve République qui voient chaque président affronter les même types de crises.
Exceptionnellement, trois anciens chefs d’État : Valéry Giscard d’Estaing, François Hollande et Nicolas Sarkozy ont accepté de faire le récit de leur présidence, de raconter ces heures où ils sont seuls à décider, lorsque tout peut basculer.
Huit anciens Premiers ministres, quatre présidents du Conseil constitutionnel, une dizaine de ministres régaliens livrent les secrets de ces moments de tension intense quand, dans la solitude de l’Élysée, chaque Président écrit la grande histoire. Tous finissent par s’interroger : la Ve République a-t-elle encore un avenir ?
Note d’intention du réalisateur
La Ve République fête ses soixante ans, au moment même où elle est le plus contestée. Cet anniversaire permet de mettre en perspective cette Constitution et l’exercice du pouvoir qui s’y attache. Il était donc temps d’exposer ce qui fait l’originalité de la Ve République : l’extrême concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme. Du Général de Gaulle à Emmanuel Macron, quelles furent les crises qu’ils durent affronter, et comment, dans ces moments de grande solitude, les ont-ils ou non résolues ?
Nous avons tout de suite opté pour un récit fortement incarné, c’est-à-dire que l’histoire se raconte par le témoignage direct de ceux qui l’ont faite et vécue. Trois présidents de la République, huit Premiers ministres, des ministres régaliens et des conseillers ont apporté au film leur récit, leur vision, leur subjectivité : les hommes et les (trop rares) femmes qui furent au cœur de l’exercice du pouvoir pouvaient-ils avoir un regard distancié, comparatif, à la fois témoignant et analysant ? Un regard pour l’Histoire.
Nous avons été très surpris par l’envie qu’avaient ces hommes et femmes politiques de se confronter à l’exercice, d’oser affronter un bilan tout en s’inscrivant dans une histoire longue, dont ils ont hérité et qu’ils ont façonnée. Au total trente-deux entretiens, introspectifs, fouillés, denses, dépassant souvent les deux heures chacun. Nous avons été encore plus surpris de constater à quel point chaque récit s’emboîtait, chacun dans son temps bien sûr. Mais, sans gommer les différences culturelles qui cristallisent la vie politique française, il est vite devenu évident qu’avoir exercé le pouvoir exécutif à son plus haut niveau donne à chacun une hauteur de vue assez convergente.
Nous avons veillé à n’en tirer aucune leçon, afin que chacune et chacun puisse faire son propre jugement. Le commentaire est là pour poser les éléments factuels permettant aux téléspectateurs d’appréhender rapidement le contexte et les faits, appuyé sur des archives et des photographies.
Nous avons également choisi d’axer le récit, non pas sur une histoire exhaustive de la Ve République, ce qui aurait nécessité des heures et des heures de film, mais - soixantième anniversaire oblige - sur une question très simple : comment le pouvoir exécutif utilise la Constitution pour affronter et résoudre les crises que le pays affronte ? Qu’elles soient politiques, sociales, militaires, diplomatiques ou institutionnelles, chaque crise a été jusqu’à présent dénouée grâce à cette Constitution, à la fois solide et plastique. C’est l’un des paradoxes de ce court texte, à peine trente-cinq pages, qui régit depuis soixante ans la vie démocratique française…
La question se posait ensuite de l’organisation du récit. Nous avons opté pour un récit chronologique, qui permet de bien se repérer, mais avec la volonté de ne pas rentrer dans une chronique des septennats ou des quinquennats. Pour cela, nous avons construit des mouvements thématiques, permettant de circuler dans le temps comme sur les sujets relatifs au feu nucléaire, à la guerre, au terrorisme ou encore à la maladie des présidents. Pour la mise en forme de ce film nous avons fait le choix de ne pas coloriser les archives en noir et blanc afin de mieux appréhender le passage de ces soixante années. Du 35 millimètres noir et blanc à l’arrivée de la couleur, de la vidéo des années 1980 à l’image numérique, ces contrastes donnent à l’ensemble des archives, certes un aspect disparate, non unifié, mais renforce l’impression de documents authentiques et d’une évolution perceptible du temps.
La mise en image des entretiens posait également des questions de mise en scène. Là encore un choix simple : celui de rendre claire la parole, sans effet de style venant perturber le témoignage. Nous avons choisi de tourner avec des caméras Red Scarlet, que j’utilise sur les tournages de mes longs-métrages, avec une lumière donnant un rendu plus modelé, un léger grain et des contrastes plus affirmés qu’une image télé classique. Une image de cinéma en somme pour un projet documentaire pensé dès l’origine comme patrimonial. Nous avons utilisé des focales donnant à la fois une vraie présence aux intervenants et une perception des lieux dans lesquels s’exerce le pouvoir exécutif.
La voix-off a été confiée à Denis Podalydès. C’était important d’avoir un grand comédien, jouant avec toutes les subtilités de sa voix, pour être le narrateur de ce grand récit et convier le téléspectateur à partager notre histoire contemporaine.
Plus que jamais les Français ont besoin de réfléchir ensemble, au même moment, à ce qui fait la loi organique qui organise le pacte national. Trois heures de documentaire ne sont pas de trop pour remplir cet objectif de service public.
Gabriel Le Bomin
FranceTVpro
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