Honeyland
Un film de Tamara Kotevska, Ljubomir Stefanov
• 2020 • Macédoine • Documentaire • Prise de vue réelle • 86 mi • Couleur • Mode de production : Cinéma • VOSTF (turc)
• Image : Fejmi Daut et Samir Ljuma • Son : Rana Eid • Montage : Atanas Georgiev • Musique originale : Foltin
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Dernière mise à jour : 19 juin 2020
« Dans un hameau désert niché au cœur d’un paysage idyllique de Macédoine, Hatidze vit seule avec sa mère infirme. Son existence, âpre mais bien réglée, tourne toute entière autour de la récolte de miel. Parcourant les montagnes à la recherche de nids, soignant ses ruches, elle s’est fixée une règle qui garantit la bonne harmonie de cette collaboration : prendre la moitié du miel, mais laisser aux abeilles la seconde moitié. Lorsqu’une famille de nomades turcs arrive un jour au village, ce paisible équilibre est tout à coup rompu. La caméra de Tamara Kotevska et Ljubomir Stefanov capture avec grâce les moments partagés entre Hatidze et cette famille particulièrement encombrante, qui apporte avec ses nombreux et turbulents enfants autant de joie que de chaos. Mais bientôt, c’est la survie même des abeilles qui est menacée. Avec un remarquable sens de la narration, les deux cinéastes parviennent à faire de ce portrait d’une femme hors du commun un passionnant conte réaliste sur la survie, la faculté à s’adapter et la nécessité de respecter les équilibres naturels. Un miroir de notre propre rapport au monde. »
(Visions du Réel - Céline Guénot)
Note des réalisateurs
L’histoire d’Honeyland commence bien avant que les humains n’occupent la région, mais notre récit débute avec ses deux dernières habitantes : Hatidze et sa mère Nazife. Tout comme les abeilles ouvrières passent toute leur vie à s’occuper de la reine qui ne quitte pas la ruche, Hatidze a consacré sa propre vie à prendre soin de sa mère, paralysée et aveugle, incapable de quitter sa cabane délabrée. Le film a pour cadre une région surnaturelle, hors du temps, qui n’existe pas sur les cartes et qui n’est pas accessible par les routes habituelles, et qui n’est pourtant qu’à 20 km de la grande ville la plus proche.
Les familles y parlent un ancien dialecte local turc. Par conséquent, le film est conduit par la narration visuelle plutôt que par les dialogues ; on appréhende les personnages au travers de leur langage corporel, de leurs relations et de leurs émotions. Cette communication visuelle et viscérale permet au spectateur de se sentir plus proche des personnages et, surtout, plus proche de la nature. Elle nous permet également de ressentir qu’en tant qu’humains nous sommes simplement une espèce parmi tant d’autres, également affectée par les changements de notre environnement.
Le Protocole de Nagoya, adopté par la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies, est entré en vigueur en 1993 et a établi des recommandations globales concernant l’accès aux ressources naturelles. Son objectif était de promouvoir un partage juste et équitable des bénéfices entre les “pourvoyeurs” de ressources -terres, plantes, animaux -et leurs “utilisateurs” -les humains. La diversité génétique, ou biodiversité, permet aux populations de s’adapter aux changements environnementaux et au changement climatique, contribuant ainsi à la conservation et à la durabilité des ressources.
Dans le film, la “crise du miel” permet de montrer le risque que l’on prend lorsqu’on ne tient pas compte de ces protocoles et que l’on perturbe ce respect de la biodiversité. L’histoire d’Hatidze est un microcosme, qui montre à une échelle plus large à quel point la nature et l’humanité sont intimement liées, et combien nous risquons de perdre si nous décidons d’ignorer ce lien fondamental.
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