Au nom du maintien de l’ordre

Comment a-t-on évolué du maintien de l’ordre à un contrôle des foules qui ressemble à une guerre de basse intensité ? Réalisé par le journaliste et reporter Paul Moreira, qui a couvert notamment les manifestations des Gilets jaunes, ce documentaire en 2 volets se penche sur les nouvelles doctrines de maintien de l’ordre en donnant la parole à de nombreux témoins et spécialistes, dont des responsables policiers et des vendeurs d’« armes à létalité réduite ». Mêlant leurs propos d’une désarmante franchise et des immersions, parfois rudes, au sein de cortèges en France, en Allemagne ou aux États-Unis, ces deux épisodes livrent une démonstration : cette évolution du contrôle des manifestants, symbolisée par l’usage massif et non contrôlé des armes à balles en caoutchouc, résulte de schémas pensés et assumés par les hiérarchies policières. La peur se répand dans les cortèges et le constat apparaît aussi évident qu’inquiétant : ce glissement répressif menace les libertés publiques.

Épisode 1 : Reculez !

Partout dans le monde, des foules en colère affrontent des forces de l’ordre surarmées. Lors de l’acte IV des mobilisations de Gilets jaunes à Paris, pour la première fois des véhicules blindés sont utilisés pour contenir un mouvement social. En 2020, aux États-Unis, lors des manifestations contre le racisme et les violences policières organisées après la mort de George Floyd, des images similaires circulent…

Le journaliste Paul Moreira s’immerge dans des manifestations et interroge des spécialistes pour éclairer les causes de ce glissement répressif.

Épisode 2 : Presque mortel

En France, aux États-Unis, en Allemagne et ailleurs, on est passé du maintien de l’ordre au contrôle des manifestants - et l’arme emblématique de cette évolution est le LBD (lanceur de balles de défense). Si le Royaume-Uni l’emploie dans ce qu’il reste de ses colonies dès les années 1960, il faut attendre 1995 pour qu’il soit importé en France, avec une utilisation d’abord circonscrite à des situations de violence individuelle extrêmes. Dix ans plus tard, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, l’autorise face à des foules lors des émeutes dans les banlieues. Puis l’usage se banalise…

La peur se répand dans les cortèges et le constat apparaît aussi évident qu’inquiétant : ce glissement répressif menace les libertés publiques.

L’avis de Télérama

« Tourné entre 2018 et 2021, le film de Paul Moreira mêle brillamment investigation de terrain et enquête sur l’évolution du maintien de l’ordre en France et à travers le monde depuis un demi-siècle. […] Au fil d’une démonstration implacable, étayée et équilibrée, qui donne la parole aux victimes de cette brutalisation, à ses observateurs, mais aussi à des représentants des forces de l’ordre, il dénonce un niveau de répression inouï des protestations citoyennes et en éclaire les causes profondes. […] Une prise de hauteur salutaire. »