Bête humaine (La)

Un film de Jean Renoir

 1938  France  Fiction  Prise de vue réelle  100 mn  Noir & Blanc  Mode de production : Cinéma  VF

 Scénario : Jean Renoir  Adapté de : Emile Zola  Image : Curt Courant, Claude Renoir  Son : Robert Tessere  Montage : Marguerite Renoir  Musique originale : Joseph Kosma

 Distribution artistique : Jean Gabin, Simone Simon, Julien Carette, Fernand Ledoux, Blanchette Brunoy, Jean Renoir

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Dernière mise à jour : 2 août 2021

Sous-chef de la gare du Havre, Roubaud se rend à Paris avec son épouse, Séverine, dans l’espoir de bénéficier d’une faveur de Grandmorin, le parrain de sa femme, cadre supérieur dans la compagnie de chemins de fer. Après l’entrevue infructueuse, l’homme comprend que Séverine et Grandmorin sont amants…

Quel est le sujet principal du film ? La fascination de Renoir pour l’univers de Zola, combattant pour l’idée de la liberté ? L’arrivé du progrès qu’incarne le chemin de fer ? La relation privilégiée qu’un homme entretient avec sa machine ? La description des rapports entre les classes sociales ? La fatalité qui pousse les êtres humains dans une voie extrême ? Sans doute tout cela en même temps.

Mais la trame du film, et c’est pour cela qu’il clôt la trilogie des films que Renoir a tourné pendant le Front populaire, c’est la description de la dureté des conditions de travail, à travers la toile de fond à la fois réaliste et poétique du quotidien des gares. Là où « La vie est à nous » et « La Marseillaise » évoquaient la force de l’action collective, « La Bête humaine » met en jeu des individus seuls, écrasés, broyés par leur destin et leur histoire.

La préparation du tournage fait penser à celle de Zola pour l’écriture du roman. Renoir et Gabin se sont en effet immergés dans le monde des chemins de fer et le film a été tourné en décors naturels, à la gare Saint-Lazare. La SNCF a mis à disposition de la production une portion de ligne avec un train entier, les locomotives et les wagons portant le matériel d’éclairage. Les scènes de locomotive sont filmées en situation : le vent, le bruit interdisent aux hommes de se parler autrement que par signes. Le spectateur est entrainé dans une réalité inconnue, une démarche propre au documentaire… Cette réalité ferroviaire est la matrice du film au même titre que le jeu des acteurs.

Critique

« Dans sa critique du film La bête humaine parue dans le journal Regards, l’historien Georges Sadoul laissait libre cours à son enthousiasme : « Le cinéma n’a pas encore enfanté de génie universel à l’instar de la littérature. Mais peut-être a-t-il trouvé son Zola : Jean Renoir » . Associer Renoir et Zola n’est pas le fait d’un pur hasard, car ce film est tiré d’un roman du célèbre romancier, et traite des dangers de l’alcoolisme dans le milieu ouvrier.

Mais Renoir relègue les problèmes psychologiques de l’alcoolique au second plan au profit d’une description des réalités de la vie et de ses conditions de travail. Ce n’est plus l’alcool qui se trouve au cœur des relations conflictuelles de ce chef de gare, mais sa pauvreté sans issue.

Robeaux ne souhaite rien de plus qu’un heureux mariage avec cette épouse qu’il aime. Mais il ne peut rien lui assurer financièrement. Le couple vit dans un petit appartement donnant sur les voies, et seul un canari, sur le balcon, distille un peu de joie au sein de toute cette tristesse. L’épouse de Robeaux s’éprend d’un riche noble, lequel vient pourvoir à ses envies matérielles. Dès que Robeaux l’apprend, il échafaude le meurtre de son richissime rival. Même si le rôle de Robeaux demeure à l’avant-plan, c’est bien Lantier, le conducteur de la locomotive incarné par Jean Gabin qui fait figure de rôle principal. C’est non seulement la conduite de la locomotive, décrite sur le mode documentaire, mais aussi les conditions de travail au quotidien dans les halls de gare qui constituent pour Jean Renoir cette toile de fond à la fois réaliste et poétique, sur laquelle il pose son postulat d’une relation de cause à effet entre la dureté des conditions de travail, la détresse financière et la mutation de la Bête humaine.(…) »

Regina Aggio

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Être au monde, vivre avec ses semblables
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