Cran de l’abattu (Le)
Un film de Dominique Albaret
• 2003 • France • Prise de vue réelle • Couleur • Mode de production : Auto-production
• Scénario : Pierre-Etienne Heymann • Musique originale : Pablo Cueco, Albert Hamann
• Distribution artistique : Pierre-Etienne Heymann, Marion Maret • Participants : scénographie : Henri Cueco
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Dernière mise à jour : 19 février 2022
Comme tous les matins, la porte d’un atelier de la Manufacture de Tulle s’ouvre. Ce matin là ce ne sont pas des travailleurs qui vont faire leur entrée dans l’usine mais la société de spectacle. Accompagné d’un orchestre et d’un guide, des spectateurs sont invités à découvrir un ouvrier de la Manu au travail. Entre les témoignages et les chants, on suit du regard cet ouvrier laissé seul, objet étrange tenu à distance dans une cage. Dernier témoin d’un temps d’un temps et d’une vie qui, parce qu’ils vont disparaître, se commuent en spectacle de la disparition : entrée théâtrale sur une scène de deuil.
Là où pour vivre on fabriquait des armes en préférant penser que l’on faisait de la « mécanique », le travail répondait à un apprentissage, un art de faire et de parler, un art de vivre. Engagement militaire? « La Manu, on y entrait pour la vie ». Le cercle des grandes usines, qui formaient, employaient et payaient des gens de génération en génération, se brise. Reste le souvenir, souvenir d’une « ambiance familiale », d’un paternalisme sans nom, incarné dans des machines, les « têtières », car, raconte l’Ouvrier, « quand les machines sont côte à côte, l’intimité est obligatoire ». Il faut se séparer d’une usine à laquelle on prêtait fidélité chaque matin.
Si la vie d’un ouvrier prend fin au moment où ferme l’usine, alors la confusion des identités est totale. Reste à la société du spectacle à transformer cette histoire en théâtre de l’oubli. Fermer le rideau de l’histoire et lever celui de la colère de la mémoire.
Le film dans la Base cinéma & société
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