Deux vies d’Eva (Les)

D’Eva, on apprend d’abord qu’elle manifeste de graves troubles psychiques une fois arrivée à l’âge mûr, troubles dont elle a été par la suite régulièrement la proie. En 1978, elle confie pour la première fois le récit de son enfance et de sa jeunesse, jusque-là entourées de silence, à sa fille Esther, qui l’enregistre et raconte aujourd’hui son histoire. Cette « première vie » occultée commence dans le luxe à Sosnowiec, en Silésie polonaise, où la famille d’Eva, d’origine allemande, possède une prospère usine de papier. Quand l’armée nazie envahit la Pologne, la famille est protégée par sa nationalité, alors que les juifs de la ville sont enfermés dans le ghetto, puis déportés. Après la libération, réfugiée à Göttigen, Eva rencontre Stas, dit Sam, jeune juif de Varsovie rescapé des camps, qui vient de perdre une grande partie de sa famille. Tous deux partent pour Paris. « Sur la route, se remémore Eva en 1978, nous exhalions un tel bonheur. C’est la voie triomphale qui s’ouvrait devant nous ».