Héros fragiles

Un film de Emilio Pacull

 2006  France  Documentaire  Prise de vue réelle  87 min  Couleur  Mode de production : Cinéma  VOSTF (espagnol)

 Image : Pascal Ridao, Ralf Oberti  Son : Álvaro Silva  Montage : Claire Atherton

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Dernière mise à jour : 26 février 2010

Le cinéaste chilien Emilio Pacull, qui fut l’assistant de Constantin Costa-Gavras, et comédien, revient au Chili après des années d’exil, pour, à partir d’une photo qui pourrait bien représenter Salvador Allende juste après sa mort, évoquer l’histoire de celui qui est effectivement sur la photo. Il s’agit de son beau-père, Augusto Olivares, conseiller du Président Allende qui se donna la mort peu de temps après Augusto Olivares, dans le même Palais de la Moneda, le mardi 11 septembre 1973. Au-delà de leur amitié, une étonnante ressemblance physique rapprochait aussi les deux hommes, Augusto Olivares et Salvador Allende, qui ont perdu la vie pour ce qui fut transformé par la répression d’Augusto Pinochet soutenu par les États-Unis, la CIA, Kissinger… en une utopie. Dans un ton sobre, toujours au bord de la poésie, de la peinture, de la fragmentation des images, mais jamais fuyant, Emilio Pacull alterne avec courage des interviews des proches du président socialiste et de ses détracteurs. Des images d’archives viennent étayer ces paroles dites avec une tranquillité impressionnante, tant du côté des roublards argentés qui savent justifier les massacres qu’ils encouragèrent, tel Roberto Thième, alors jeune dirigeant du front armé secret d’extrême droite qui fomenta l’insurrection militaire en commençant par bloquer le pays économiquement selon le plan des États-Unis, et en trouvant des lieux en Argentine pour permettre les entraînements - et Emilio Pacull les laisse parler et même intelligemment les conforte dans leurs propos afin de mieux leur faire dire jusqu’où ils sont allés - que du côté de ceux qui accompagnèrent jusqu’au bout Allende et recommenceraient tout autant si leur héros revenait. Ils redeviendraient jeunes et fougueux comme déclare l’un d’entre eux, qui fut arrêté mais fut un des rares à survivre, autre héros fragile mais toujours debout, toujours espérant, comme cet autre, qui ne put rejoindre le Che en Bolivie comme il le souhaitait parce que blessé, il devint infirme… Tout comme ce médecin du Président qui confirme que, sur la photo, il s’agit bien d’Augusto Olivares et conclut : « Je ne veux pas croire qu’ait disparu le désir de vivre dans un monde meilleur, plus juste, plus solidaire ». Et d’autres encore, tous poignants, jusqu’à la mère du réalisateur, qui fut une grande actrice chilienne et vit désormais dans une maison de retraite, n’ayant jamais refait sa vie après la mort d’Augusto Olivares, son mari. Ou la fille d’Emilio Pacull, qui clôt le film, alternant le français et l’espagnol, symbole à elle seule du déchirement mais de la croyance en un avenir possible. On aura retrouvé avec trouble des extraits de Missing, où Jack Lemmon joue en 1982 le rôle d’un Américain qui cherche son fils disparu après le coup d’Etat - images des corps entassés dans les morgues de fortune - et d’État de siège, sorti en 73, si prémonitoire, où Yves Montand jouait Philip Michael Santore, conseiller américain d’une junte sud-américaine enlevé par des rebelles d’extrême-gauche en Uruguay, qui finira par avouer être un agent de la C.I.A. dont la mission était de former des policiers pour la lutte antiterroriste. Le général Pinochet, qui mourra 35 ans plus tard sans avoir été condamné, voulait « tuer la chienne avant qu’elle fasse des petits ». « Quand une société perd sa capacité à rêver, elle a tout perdu » disait Augusto Olivares. L’Histoire protégea le premier.

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