Affiche du film © shellac

Honk

Un film de Arnaud Gaillard, Florent Vassault

 2011  France  Documentaire  Prise de vue réelle  62 min  Couleur  Mode de production : Cinéma  VOSTF ()

 Son : Sandy Notarianni  Montage : Léa Masson

Producteurs :
Distributeur :

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Dernière mise à jour : 15 octobre 2013

HONK, le film d’Arnaud Gaillard et de Florent Vassault, nous place d’emblée aux abords suffocants des couloirs de la mort.

Ici, les victimes ont été assassinées et les coupables ne sont plus présumés puisque les sentences sont définitives depuis souvent bien longtemps. Une question reste cependant en suspens : ces condamnés à mort sont-ils encore considérés comme des êtres humains par cette société qui persiste à se satisfaire d’un tel châtiment ?

Actuellement, ils sont plus de trois mille deux cents (3200) à attendre comme des funambules errant dans l’angoisse d’une exécution inéluctable et l’espoir d’une grâce providentielle, que la justice commette l’irréparable. Ce supplice physique et psychologique ne se limite pas à l’anéantissement des condamnés à mort, il détruit également la vie de leurs proches, celles et ceux dont les réalisateurs recueillent le témoignage douloureux : la famille d’une victime et celle de son assassin ; la mère d’un condamné qui tente d’écarter le cauchemar programmé : « La prochaine fois que je tiendrai mon fils dans les bras, il sera mort » ; ainsi qu’un survivant, libéré au bout de 22 ans d’incarcération, innocenté grâce aux tests ADN.

Parmi les « citoyens lambda » qui peuplent l’Amérique, on entend le discours de ceux qui croient encore aux vertus de la peine capitale, malgré tous les arguments qui prouvent rationnellement le contraire, on est également témoins de ceux qui côtoient cette sentence dans une complète indifférence.

« HONK to stop executions » signifie « Klaxonnez contre la peine de mort », cette expression sonore tente de rendre audible la voix étouffée des militants abolitionnistes, trop peu représentatifs en nombre, lorsqu’ils dénoncent la barbarie judiciaire de leur propre pays, indigne d’une démocratie, tirant sa légitimité dans la violence d’une société à l’histoire encore récente.

La France célèbre, en octobre 2011, le 30e anniversaire de l’abolition, pourtant il serait particulièrement malvenu de donner des leçons alors même que de nouveaux pourfendeurs du « politiquement correct » jouent ici avec le feu en réclamant le rétablissement de la peine capitale.

En parcourant le fonctionnement et les absurdités d’un crime légalisé au nom de la justice, les deux réalisateurs participent au combat civilisationnel du mouvement des abolitionnistes, impatient de voir se retirer les USA de la liste des 3 dernières démocraties pratiquant encore la peine de mort (avec l’Inde et le Japon). HONK fait également prendre conscience de la nécessité de prévenir toute régression de ce côté-ci de l’Atlantique, afin que l’Europe demeure un continent libéré de cette pratique d’un autre âge.

Philippe Hagué pour Shellac

Le film dans la Base cinéma & société

Chemins d’accès :
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Justice in Des institutions se livrent
Dans la sélection filmographique :
La Vie politique des États-Unis racontée par les cinéastes