Après le silence. Ce qui n’est pas dit n’existe pas ?
Un film de Vanina Vignal
• 2012 • France, Roumanie • Documentaire • Prise de vue réelle • 95 mn • N&B et Couleur • Mode de production : Cinéma • VOSTF, VOSTA (français, roumain)
• Scénario : Vanina Vignal • Son : Dana Bunescu • Montage : Mélanie Braux
• Participants : Ioana Abur, Rodica Abur, Teona Galgoţiu, Vanina Vignal, Ștefan Manea, Valeria Manea, Elena Sighişoreanu
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Dernière mise à jour : 4 septembre 2013
Comment vivre libre, après. Il ne suffit pas de tuer le dictateur pour tuer la dictature.
J’ai fait la connaissance de Ioana en 1991, à Bucarest, un an après le coup d’état que les médias ont appellé « Révolution ». Lorsque nous nous sommes rencontrées, nous parlions de tout sauf de la dictature dont son pays sortait à peine, comme si le silence pouvait effacer ce qui était encore trop à vif.
Après mes années d’études à Bucarest, je suis retournée régulièrement voir Ioana et sa famille avec qui j’avais tissé des liens familiaux. Je comprends « de l’intérieur » les problématiques de son pays. Désormais, je les ressens.
Cela m’a permis de travailler autour de l’abus, du silence et de la peur, autour de la bulle que Ioana s’est construite, cette bulle illusoire qui la préserverait de la réalité environnante et qui l’aurait protégée de l’abus étatique communiste. Aujourd’hui encore, car les anciens réflexes intrusifs perdurent en Roumanie, et Ioana, impuissante, déprimée, s’est repliée sur sa cellule familiale. Elle refuse la réalité dans laquelle elle vit - bien malgré elle, elle entretient le lien avec l’injustice historique - sa bulle protectrice est devenue une prison.
Ioana n’a jamais pris le temps d’analyser ce qui la tourmente. Cette parole n’émerge aujourd’hui que parce qu’elle s’inscrit dans un geste cinématographique qui la porte, et la transcende.
Le montage accompagne cette dynamique, et fait en sorte que des personnes qui n’ont jamais parlé entre elles de leurs traumatismes, se « répondent » - enfin. Ce faisant, il met en exergue ce silence et ce non-dit qui les séparent encore, et qui ont été transmis, génération après génération. Ils enveloppent déjà sa fille Téona. Elle a compris sans qu’on ne le lui explique qu’il ne fallait pas poser certaines questions à ses ainées, de la même manière que sa mère l’a, un jour, intégré.
Mon film raconte, à travers l’histoire de Ioana, une femme en l’occurence roumaine, comment la dictature devient un système de vie. Et cela, ce n’est pas l’apanage des pays ex-communistes.
Vanina Vignal, mars 2012
Pour découvrir ce film
- Plus d’informations sur le film :
Le film dans la Base cinéma & société
- Chemins d’accès :
- Projeté dans le festival :
-
Festival de cinéma de Douarnenez : Gouel ar Filmoù (Douarnenez)
- Film en lien :