Mai 1940 : les enfants de l’exode
Un film de Patrick Jeudy
• 2010 • France • Documentaire • Prise de vue réelle • 90 mn • N&B et Couleur • Mode de production : Télévision
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Dernière mise à jour : 16 juillet 2013
En mai 1940, face à l’offensive allemande, les populations civiles n’ont d’autre solution que de fuir. Des millions de personnes se retrouvent ainsi sur les routes. C’est cet exode, page méconnue de la Seconde Guerre mondiale, que racontent les enfants d’alors dans un documentaire construit sur des images d’archives.
Le printemps s’avère particulièrement agréable en ce mois de mai de l’année 1940. Partout en Europe, il fait beau et même chaud. Adolf Hitler y voit un signe favorable à l’offensive qu’il prépare déjà depuis longtemps. Dans la nuit du vendredi 10 mai, il ordonne à ses troupes, placées aux abords de la frontière entre la Belgique et la Hollande, de passer à l’attaque. Au petit matin, la population se réveille au bruit des bombes. La surprise est totale. A force d’attendre des mois durant, on avait oublié que la « drôle de guerre » pouvait se terminer par un véritable conflit. Les tanks allemands déferlent sur une armée belge qui n’a d’autre solution que de se replier. Dans la confusion, on bat le rappel des troupes et on achemine les soldats vers le front, en train ou en camion. Partout, les habitants les acclament, confiants, car si la guerre semble bien là, la défaite, elle, est tout bonnement impossible à envisager. Les Français n’ont-ils pas gagné en 1918 ? Ils sont donc les plus forts. Pour les jeunes, c’est encore l’heure de s’amuser et de manquer l’école… Mais la peur gagne les plus anciens, qui se souviennent encore des horreurs des conflits précédents. Willy, 13 ans, et son frère Jacques, 9 ans à l’époque, racontent : « Les Allemands avaient la réputation de barbares. Il y avait des tas de récits de la guerre de 14, des gens qui avaient été tués, des enfants qui avaient été embrochés à la baïonnette. »
A Bruxelles comme ailleurs, certains songent très vite à prendre la fuite. Chacun réunit ses biens les plus précieux, quelques vêtements et de quoi se nourrir dans l’immédiat avant de se lancer sur la route. Les parents d’Olivier, 13 ans, souhaitent rallier le midi de la France : « Nous n’avions presque rien ; seulement ce qu’on pouvait porter sur un vélo. » Ceux de Willy visent Paris, « où on se souvenait que les Allemands s’étaient arrêtés à la guerre de 14 ». La famille d’André, 8 ans, prend, elle, depuis Mons la direction du Havre, avec l’intention de s’embarquer avant l’arrivée de l’ennemi. En trois jours, près de 3 000 personnes ont déjà péri. Pourtant, les enfants rêvent encore, comme le dit André : « Mon frère et moi, on partait en évacuation comme à une partie de plaisir, ce qui était loin d’être le cas au fur et à mesure qu’on avançait vers la côte. » A Tournai, la réalité les rattrape. Dans la ville en flammes, bombardée quatre jours durant, les réfugiés sont confrontés à la mort et à la peur. La désolation est déjà partout, tandis qu’à Paris le gouvernement continue dans son aveuglement à distiller des messages rassurants. Quant au haut commandement de l’armée, il parie toujours et encore sur le repli stratégique. La France est près de s’effondrer. Il faudra aux Allemands à peine un mois pour atteindre Paris. Le 18 juin, Pétain, le héros de Verdun appelé à la rescousse, demande l’armistice. Les réfugiés vont pouvoir retourner chez eux. La guerre est finie, affirme-t-il. Elle ne fait que commencer.
Beatriz Loiseau
(source : France 5)
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