Marche de la dignité indigène (La)

Un film de Sylvie Kahane

 2002  Mexique  Documentaire  Prise de vue réelle  52 mn  Couleur  Mode de production : Télévision

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Dernière mise à jour : 16 mai 2008

Au printemps 2001, une marche sur Mexico est organisée par le mouvement zapatiste dont l’objectif est la prise en compte des droits et de la culture indigène par le gouvernement mexicain. À l’appel du sous-commandant Marcos, porte-parole de l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale), des sympathisants de tous pays forment un convoi d’une cinquantaine de véhicules. Le voyage dure 15 jours, direction : Mexico. Munie d’une caméra, Sylvie Kahane, à bord de l’un de ces autobus, témoigne de cette aventure. Son film est une fenêtre ouverte sur cette mouvance populaire qui vient nous parler de terre, de différence, de tolérance et de combativité.

Au printemps 2001, une marche sur Mexico est organisée par le mouvement zapatiste dont l’objectif est la prise en compte des droits et de la culture indigènes par le gouvernement mexicain.

À l’appel du sous-commandant Marcos, porte-parole de l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale), des sympathisants de tous pays forment un convoi d’une cinquantaine de véhicules et partent pour trois semaines de voyage à travers le Mexique.

Parmi eux, la trompettiste d’une fanfare parisienne, le Front Musical d’Intervention, a aussi pris sa caméra : Sylvie Kahane, à bord de l’un de ces autobus, témoigne de l’aventure. Son film est une fenêtre ouverte sur cette mouvance populaire qui vient nous parler de terre, de différence, de tolérance et de combativité.

« Les Indiens mexicains, a rappelé, dans son langage si caractéristique où s’entremêlent poésie et politique, messages et métaphores, le sous-commandant Marcos au moment d’entamer la marche à San Cristóbal de Las Casas, le 25 février, nous sommes indiens et nous sommes mexicains. Nous voulons être indiens et nous voulons être mexicains. Mais l’homme à la langue trop grande et aux oreilles sourdes, celui qui gouverne, ne nous propose que des mensonges et pas de drapeau. Notre marche est celle de la dignité indigène. La marche de ceux qui sont de la couleur de la terre et la marche de tous ceux qui sont de toutes les couleurs du coeur de la terre. Il y a sept ans, la dignité indigène a réclamé une place au sein du drapeau du Mexique. Et nous, qui sommes de la couleur de la terre, nous l’avons alors réclamée avec du feu. Et avec du feu et des mensonges riposta le dzul, le puissant, celui qui possède l’argent dont l’odeur empuantit la couleur de la terre. C’est alors que nous vîmes d’autres voix et entendîmes d’autres couleurs.

Aujourd’hui, nous marchons pour que le drapeau mexicain accepte d’être le nôtre, et en échange on nous offre le chiffon de la douleur et de la misère. Aujourd’hui, nous marchons pour un bon gouvernement et on nous offre la discorde. Aujourd’hui, nous marchons pour la justice et on nous offre des aumônes. Aujourd’hui, nous marchons pour la liberté et on nous offre l’esclavage par la dette. Aujourd’hui, nous marchons pour la fin de la mort et on nous offre une paix de mensonges assourdissants.

De même que nos ancêtres ont résisté aux guerres de conquête, nous avons nous-mêmes résisté aux guerres de l’oubli. Notre résistance n’est pas terminée, mais elle n’est plus seule. Des millions de coeurs, au Mexique et dans les cinq continents, nous accompagnent. Nous marchons d’un même pas. Et nous irons avec eux jusqu’à la capitale qui se dresse sur notre dos et nous méprise. Nous irons avec eux. Avec eux et avec le drapeau du Mexique. »

Même s’il marche sur Mexico, Marcos n’y va pas en quête du pouvoir. « Le problème n’est pas de conquérir le pouvoir, affirme-t-il en souriant, on sait que le lieu du pouvoir est désormais vide. Et que la lutte pour le pouvoir est une lutte pour le mensonge. Ce qu’il faut, à l’heure de la globalisation, c’est bâtir une nouvelle relation entre le pouvoir et les citoyens. Si la paix est signée, l’EZLN cessera de faire de la politique comme elle l’a fait jusqu’à présent. On fera de la politique autrement, sans passe-montagne, sans armes, mais au service des mêmes idées. Car nous avons appris que nous sommes une sorte de miroir et que nous reflétons, à notre manière, d’autres mouvements de résistance à travers le monde. C’est pourquoi nous nous sentons solidaires d’autres luttes. De celles, par exemple, des homosexuels et des lesbiennes, objets de toutes sortes de persécutions et de discriminations. Ou de celles des émigrants, contre lesquels, un peu partout, se mettent en place des dispositifs racistes. On veut que les gens renient leurs particularités, la couleur de leur peau, leur origine ou leur pays de naissance. On veut leur faire sentir qu’être né ainsi, avec cette couleur ou à cet endroit, est un crime. Et qu’ils doivent en être châtiés. »

Entretien avec Ignacio Ramonet (Le Monde diplomatique, mars 2001

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L’Amérique latine, un continent en mouvement