Muriel ou le temps d’un retour

Un film de Alain Resnais

 1962  France, Italie  Fiction  Prise de vue réelle  116 mn  Noir & Blanc  Mode de production : Cinéma

 Scénario : Jean Cayrol  Image : Sacha Vierny  Son : Antoine Bonfanti  Montage : Kenout Peltier, Eric Pluet  Musique originale : Hans-Werner Henze

 Distribution artistique : Delphine Seyrig, Jean-Pierre Kérien, Nita Klein, Jean-Baptiste Thierrée, Laurence Badie, Claude Sainval, Jean Champion, Martine Vatel, Nelly Borgeaud, Jean Dasté, Philippe Laudenbach, Robert Bordenave, Gaston Joly, Julien Verdier, Catherine de Seynes, Françoise Bertin, Wanda Kérien, Jean-Jacques Lagarde, Gérard Lorin, Laure Paillette, Yves Vincent

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Dernière mise à jour : 6 février 2018

Hélène, veuve depuis quelques années mais encore jeune, vit à Boulogne-sur-mer avec Bernard, son beau-fils, qui revient de la guerre d’Algérie.

Leur appartement est transformé en dépôt de meubles anciens dont elle fait le commerce. Elle a invité à venir passer quelques jours Alphonse, qui fut son amant. Celui-ci arrive avec Françoise, jeune fille de vingt ans, qui est sa maîtresse et qu’il dit être sa nièce.

Pendant une semaine, ou plusieurs, ces personnages vont se croiser, parler, s’agiter, cherchant à reconstituer un passé qui les fuit.

Obsédé par le souvenir d’une jeune femme qu’il a vu mourir sous la torture en Algérie (Muriel), Bernard refuse la sympathie de Françoise, s’enferme avec ses souvenirs et finira par tuer l’un de ses anciens camarades, tortionnaire de Muriel. Arrive Ernest, beau-frère d’Alphonse et ancien soupirant d’Hélène. La rencontre impossible va alors se dissoudre ; Bernard part (peut-être pour se suicider), Alphonse fuit vers la Belgique, Françoise retourne à Paris et Hélène erre dans la ville. Dans l’appartement ouvert et vide, la femme d’Alphonse l’appelle inlassablement.

Muriel est un des rares films linéaires de Resnais, sur le poids des souvenirs, du passé, l’angoisse du temps qui passe.

Si le film est linéaire dans le temps montré à l’écran, il est par contre empli d’allers-retours dans le temps évoqué par les discours. Et comme souvent chez Resnais, on trouve une réflexion sur la mémoire et sur la réalité des souvenirs.

En montrant que l’expérience de la guerre (pour Bernard) ne débouche pas sur un engagement politique mais sur un cauchemar intime et une impossibilité de communiquer, Resnais va au cœur du problème.

Terminée en juin 1962, la guerre d’Algérie demeurait un sujet tabou en France: à l’exception de Godard (Le Petit Soldat, 1963 interdit plusieurs années), il faudra attendre la fin des années 60 pour que des films plus francs, plus nets, et accusateurs, signés par des cinéastes non français, apparaissent, comme La bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo (tourné en 1966, interdit jusqu’en 1970) ou Le vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina.

Muriel n’étant pas un film sur l’Algérie, mais un film où il en est question comme d’une pensée gênante, Resnais par ce propos subtil échappa à la censure très pointilleuse de l’époque.

Le film dans la Base cinéma & société

Chemin d’accès :
Être amoureux, se déchirer… in Être au monde, vivre avec ses semblables
Fil de l’histoire :
Guerre d’Algérie
Projeté dans les festivals :
Festival Premiers Plans d’Angers (Angers)
Cinémondes (Berck-sur-mer)
Rencontres cinéma et société (Tulle)