Travail, malade du chômage (Le)
Un film de Anne Kunvari
• 2011 • France • Documentaire d’information ou reportage d’investigation • Prise de vue réelle • 62 mn • Couleur • Mode de production : Télévision • VF
• Scénario : Anne Kunvari, Nadya Charvet • Image : Claire Amilhat, Laurent Fénart, Guillaume Martin • Son : Geoffroy Garing • Montage : Barbara Bascou • Musique originale : Rémi Berger
- Producteur :
Pour une projection non commerciale du film, consulter la page sur les diffuseurs spécialisés
Dernière mise à jour : 19 juin 2023
La flexibilité est-elle le remède au chômage ? Dans la région de Sochaux, terre de Peugeot, de l’âge d’or du plein emploi et du salariat à vie, le film s’intéresse à la réalité nouvelle d’un travail rétréci, qui condamne les demandeurs d’emploi à n’être ni tout à fait chômeurs, ni tout à fait travailleurs mais alternativement l’un et l’autre, dans le cycle sans fin du précariat. Aux côtés de laissés pour compte du travail, de chefs d’entreprises, de syndicalistes, d’agents de Pôle Emploi et à l’écoute de sociologues et d’économistes, le film décrypte les causes et les conséquences de cet appauvrissement de l’emploi et les ressorts économiques et politiques qui l’alimentent…
Le mot de la scénariste
« Dans les années 1950, Peugeot a employé jusqu’à 42 000 salariés à Sochaux, son usine mère. La ville vivait au rythme de l’entreprise. Tout y était Peugeoïsé : les écoles, les transports, les magasins, les restaurants, jusqu’aux logements prévus pour accueillir des milliers de travailleurs recrutés au Maghreb ou dans les pays de l’Est. Il faisait bon, alors, appartenir à la grande famille.
Le paysage d’aujourd’hui est tout autre. L’effectif de Peugeot à Sochaux est tombé à 12 000. Les enfants des ouvriers d’hier pointent au chômage ou dans les agences d’intérim et, sur les chaînes, il ne reste que 6 000 ouvriers dont 1/3 en intérim, un ouvrier sur trois ! C’est à cette réalité nouvelle que s’intéresse le film. Celle d’un travail rétréci, racorni, qui condamne les demandeurs d’emplois à n’être ni tout à fait chômeurs, ni tout à fait travailleurs mais l’un et l’autre alternativement, dans un cycle sans fin. Il met en lumière un chômage de masse et de classe, un chômage discriminant qui enferme les plus éloignés de l’emploi dans la catégorie des chômeurs-précaires. Les pieds dans le réel aux côtés de laissés pour compte du travail, de chefs d’entreprises, de syndicalistes, d’agents de Pôle Emploi et la tête dans la réflexion à l’écoute de sociologues et d’économistes, le film montre les causes et les conséquences de cette flexibilisation de l’emploi et décrypte les ressorts économiques et politiques qui l’alimentent.
En quoi le vivier des chômeurs fait-il le jeu des employeurs dans une économie dirigée par le capitalisme financier ? Quel est le rôle joué par l’État dans cette casse sociale ? Pourquoi rend-on les demandeurs d’emploi responsables du chômage qui les frappe ? Le film travaille chacune de ces questions à l’aune d’un va-et-vient constant entre réalité et analyse. Il confronte ainsi le quotidien de l’intérimaire à vie à la théorie classique du chômage, le sentiment d’enfermement du précaire au discours sur la liberté des patrons, le malaise des salariés de Pôle Emploi aux objectifs poursuivis par l’organisme, l’acharnement à travailler des chômeurs à leur supposée fainéantise, etc.
Ce faisant, c’est un tout autre visage du chômage qu’il dessine. Un chômage qui, dans les faits, a cessé depuis longtemps d’être une priorité politique. Un chômage qui au contraire, a installé, au fil du temps, une dégradation profonde de l’emploi. En d’autres mots, il dessine un avenir de précarité pour tous. Aujourd’hui, toutes catégories statistiques confondues, plus de 5 millions de personnes cherchent un emploi en France. Face à cette demande, 60% des postes proposés sont des CDD de moins d’un mois, 2 postes sur 3. »
Le film dans la Base cinéma & société
- Chemins d’accès :
- Dans la sélection filmographique :