En quête d’État (Prove di stato)
Un film de Leonardo Di Costanzo
• 1998 • France • Documentaire • Prise de vue réelle • 84 min • Couleur • Mode de production : Cinéma • VOSTF (italien)
• Image : Leonardo di Costanzo • Son : Leonardo di Costanzo • Montage : Aurélie Ricard
• Participants : Luisa Bossa
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Dernière mise à jour : 5 août 2021
Partout en Méditerranée, des femmes se dressent pour dire non à la violence publique. Luisa Bossa est de celles-là. Depuis son bureau de maire, à Ercolano, elle tient tête à la Camorra.
Situé à quelques kilomètres de Naples, au pied du Vésuve, Ercolano - l’antique Herculanum - compte aujourd’hui 60 000 habitants. Quand Luisa Bossa est élue, en 1995, à la tête d’une coalition de centre-gauche, la ville est dans un état déliquescent : le maire précédent a été assassiné en 1990 ; en 1993, le conseil municipal a été dissous pour infiltration camorriste et la ville placée sous tutelle préfectorale. Autant dire qu’entre clientélisme et réseaux mafieux, le poste n’est pas une sinécure.
« La première chose que j’ai faite juste après mon élection », raconte Luisa, « ça a été d’acheter un drapeau italien, pas du tout par nationalisme naturellement, mais pour signifier que désormais, ici, il y avait l’État. Quand nous, les maires du Sud, constatons l’absence de l’État, nous ne nous référons pas seulement aux questions d’ordre public, mais aussi à une mentalité très répandue qui fait que vivre selon des règles identiques pour tous reste encore un principe très abstrait. »
Armé d’une caméra légère, le documentariste Leonardo Di Costanzo a filmé Luisa Bossa pendant un an et demi pendant les permanences au cours desquelles elle reçoit ses administrés. De l’attribution des logements sociaux sans passe-droit à la suppression des taxis sans licence, le chemin vers la légalité est difficile ! Entre ceux qui ne comprennent pas les règles démocratiques, ceux qui font semblant de ne pas les comprendre et ceux qui, peut-être, n’ont pas d’autre choix que de les contourner, les résistances sont énormes, les sentiments ambivalents.
Pour autant, « Prove di stato » n’est pas un documentaire austère. Tout en dénonçant les magouilles, il enregistre aussi la verve napolitaine. Cela nous vaut quelques séquences d’anthologie, entre Shakespeare et commedia dell’arte… Une exubérance qui n’enlève rien au courage de Luisa Bossa et à son combat pour l’intégrité.
Une version plus courte de 54 min existe, intitulée « Luisa, au nom de l’État ».
L’avis de Tënk
« Depuis que Lucia Bossa est devenue maire d’Ercolano, deux langues s’affrontent : celle de la camorra (mafia napolitaine) et celle de l’État de droit. Chacun croit parler à un autre, débitant avec talent des histoires à pleurer et qui aujourd’hui se heurtent au mur de la loi… C’est évidemment tragique, drôle et politique, c’est l‘Italie du Sud, l’absurdité en marche et le génie de la comédie que chacun paie au prix fort, bien plus fort que dans les merveilleux films avec Totò, parce que c’est un film documentaire de cinéma direct. C’est-à-dire de cinéma total. On assiste à une comédie philosophique et politique qui est vraie parce que les éléments de contradiction sont réellement remontés à bloc dans la petite ville d’Ercolano. Le peuple est confronté à des décisions terribles qui le plongent dans la misère. Certains ayatollahs du petit monde du documentaire parlent avec mépris du « cinéma direct » ; en voilà un exemple splendide qui leur donne définitivement tort. » - Claire Simon, réalisatrice
Pour découvrir ce film
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Le film dans la Base cinéma & société
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