Affiche du film

No home movie

Un film de Chantal Akerman

 2015  Belgique  Documentaire  Prise de vue réelle  112 mn  Couleur  Mode de production : Cinéma

 Scénario : Chantal Akerman  Image : Chantal Akerman  Montage : Claire Atherton

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Dernière mise à jour : 30 mars 2020

Ce film est avant tout un film sur ma mère, ma mère qui n’est plus. Sur cette femme arrivée en Belgique en 1938 fuyant la Pologne, les pogroms et les exactions. Cette femme qu’on ne verra que dans son appartement et uniquement là. Un appartement à Bruxelles. Une mère tout le temps quittée et retrouvée après de longs voyages par l’une ou l’autre de ses filles, ma sœur et moi.

C’est donc un film sur ma mère, mais pas seulement. Entre les plans, les moments passés avec elle, il y a les moments au loin, dans des terres parfois arides. Et à chaque fois on la retrouve. À chaque fois, un peu moins bien. Jusqu’à ce qu’elle n’arrive presque plus à nous parler, s’endormant entre chaque phrase. Et pourtant, il ne faut pas qu’elle s’endorme. Le médecin nous l’a dit : ne pas la laisser s’endormir.

Alors, ma sœur et moi, on essaie de la tenir éveillée dans une scène absolument déchirante. On l’appelle maman, maman, maman. Elle est sourde. Pourtant, elle nous entend quand même.

Après cela, une fois de plus on la quitte, on voit des déserts, on entend le vent.

Et puis, je me retrouve dans l’appartement. Dans une petite pièce, je noue les lacets de mes chaussures, je rejette mes cheveux en arrière. Je ferme les rideaux. Ce plan est suivi par un autre qui sera le dernier. Un plan qu’on a déjà vu. Un plan fixe. Vers la cuisine, vers sa chambre à coucher. Mais, il n’y a plus personne dans cet appartement.

Ce film est un film sur le monde qui bouge et que ma mère ne voit pas, elle qui ne bouge presque plus de son appartement. Et pourtant, le monde du dehors est bien là, il s’insinue entre les plans de l’appartement, comme la touche jaune d’un tableau qui fait exister tout le reste de la toile.

C’est aussi un film d’amour, un film sur la perte, parfois drôle, parfois terrible. Mais, avec un regard qui garde une juste distance, je pense. Un film où se fait une transmission, discrètement, presque l’air de rien, sans pathos, dans une cuisine de Bruxelles.

Chantal Akerman, dossier de presse du film

Pour découvrir ce film

Plus d’informations sur le film :
Dossier de presse du film

Le film dans la Base cinéma & société

Chemins d’accès :
Famille, recomposée ou pas in Être au monde, vivre avec ses semblables
Être au monde, vivre avec ses semblables
Projeté dans le festival :
Festival international du film de Locarno (Locarno - Suisse)