Usine de rien (L’)
Un film de Pedro Pinho
• 2017 • Portugal • Fiction • Prise de vue réelle • 177 mn • Couleur • Mode de production : Cinéma • VOSTF (portugais)
• Scénario : Pedro Pinho, Luisa Homem, Leonor Noivo et Tiago Hespanha • Image : Vasco Viana • Son : João Gazua • Montage : Cláudia Oliveira, Edgar Feldman, Luisa Homem • Musique originale : José Smith Vargas, Pedro Rodrigues
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Dernière mise à jour : 6 août 2024
Une nuit, des travailleurs surprennent la direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu’elle est en cours de démantèlement et qu’ils vont bientôt être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d’occuper les lieux. À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant.
Extraits du dossier de presse - Entretien avec le réalisateur
« L’usine où nous avons tourné a en effet été occupée par ses ouvriers durant la révolution des Œillets de 1974. Elle appartenait au constructeur américain d’ascenseurs OTIS qui a fui pendant le processus révolutionnaire. Les travailleurs ont proposé d’acheter l’usine pour un dollar, ce qui a été accepté. Ils ont alors commencé à travailler en autogestion, avec des assemblées générales réunissant plus de 300 travailleurs. Cela a duré jusque dans les années 1990, avant que l’usine ne doive changer de statut […]. Elle a finalement fermé en 2016, donc après la fin de notre tournage. Cette coïncidence incroyable nous a non seulement permis de faire jouer certains ouvriers de l’usine, d’incorporer certains éléments de l’histoire de ce lieu à notre scénario, mais surtout de créer une sorte de magnétisme entre notre équipe et les ouvriers, que nous avons ressenti dès les premières sessions de travail.
Le film donne en effet le sentiment d’épouser une facture documentaire, même s’il s’agit bien d’une fiction. Comment le casting et le tournage ont-ils permis cela ?
La grande majorité des acteurs sont des amateurs, eux-mêmes ouvriers, même s’il y a aussi quelques comédiens professionnels. Le scénario était complètement écrit, y compris les séquences qui fonctionnent comme du documentaire à l’intérieur du film, mais nous avons emprunté une méthode de travail particulière, qui laissait une grande place à l’improvisation. […] Chaque jour, on présentait aux acteurs la situation qu’on voulait tourner, et les gens devaient réagir, avec leur mémoire personnelle et émotionnelle, y compris la mémoire de leur corps. Tout se passait comme s’il s’agissait d’insuffler discrètement du sens à une forme de chaos organisé pour aboutir à un résultat proche du scénario imaginé. »
L’avis de l’ACID
« Le long métrage réalisé par Pedro Pinho est une vraie fabrique à utopie, une fabrique de cinéma rêvée décapsulant la frontière aujourd’hui plus que jamais poreuse entre la fiction et le documentaire […] en injectant du cinéma dans tous ses pores : sa peau, sa surface première, ce serait le documentaire social, comme on en voit tant sur les écrans. Sa profondeur, ce serait cette phrase de Godard : il faut faire politiquement des films et non faire des films politiques. Une usine abandonnée par sa direction, ses ouvriers tout aussi délaissés et désarçonnés. Que faire pour retrouver de la joie ? Du plaisir dans le travail ? Le tour de force de « L’Usine de rien », c’est de ne pas oublier de faire circuler autour de toutes ces questions — que le film investit totalement — tout un agencement de situations retournant comme un gant les présupposés du documentaire social. Car ici, l’espace d’une scène, l’usine peut devenir le territoire d’une comédie musicale. L’espace d’une autre scène, les idées politiques valsent à travers la pièce comme des assiettes lors d’un repas arrosé. C’est que « L’Usine de rien » déborde de sa puissance poétique, faisant de ses idées (de cinéma, de politique) une réalité aussi tangible que les transpalettes utilisés par les ouvriers pour se déplacer dans l’usine, comme des enfants remplis de joie sur un nouveau terrain de jeu. » (Morgan Pokée, programmateur)
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