Histoires d’une nation
Un film de Françoise Davisse, Carl Aderhold
• 2018 • France • Documentaire d’information ou reportage d’investigation • Prise de vue réelle • 4 X 55 min • Couleur • Mode de production : Télévision • VF
• Musique originale : Amine Bouhafa
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Dernière mise à jour : 24 mai 2022
Les « histoires d’une nation », ce sont celles de toutes ces générations venues faire leur vie dans un nouveau pays, la France. Elles nous racontent 150 ans de l’histoire de France, 150 ans qui ont conduit à ce qu’aujourd’hui, un quart de la population française trouve ses racines à l’extérieur du territoire.
De Michel Drucker à Camélia Jordana, de Ramzy à Estelle Mossely, enfants, petits-enfants, arrière-petits enfants d’Italiens, de Polonais, d’Arméniens, de Russes, d’Algériens, de Marocains, de Cambodgiens ou de Chinois, connus ou pas, ils nous racontent leurs histoires familiales.
Cette série raconte un siècle et demi d’histoire à travers un mélange de photographies ainsi que d’archives filmées et colorisées avec des témoignages personnels d’enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants de ceux qui sont arrivés en France en tant que réfugiés ou immigrants. Ce sont des citoyens anonymes et célèbres qui nous livrent leurs souvenirs de famille et qui font de ce récit une histoire vivante de la France qui a une résonnance particulière avec l’actualité de notre époque.
Épisode 1 : 1870-1927, Le pays où l’on arrive
Le pays où on arrive c’est la France, devenue au tournant des années 20 le premier pays d’immigration au monde, devant les États-Unis. Immigration choisie, encadrée par une loi, celle de 1927, la plus libérale qu’a connue le pays dans toute son histoire en matière de droit de séjour et d’acquisition de la citoyenneté.
Mais pour en arriver là, il aura fallu que la troisième république tire les leçons de la défaite face aux Allemands en 1870, et de la Commune, deux évènements qui ont révélé l’état de désunion du pays et la fragilité du lien national et qu’elle se lance dans un programme inédit : faire des français.
Il a fallu qu’elle réforme sa conscription, développe son école laïque et obligatoire, s’invente des ancêtres gaulois, institue le droit du sol, vive ses premiers déchirements avec l’affaire Dreyfus, invente les fausses certitudes de la race pour justifier son empire, et se précipite dans ce premier grand massacre des nations qu’est la guerre de 14.
Descendants d’Auvergnats, de Bretons, d’Italiens, ou de polonais dans ce premier épisode, ils nous racontent le parcours de leur famille arrivant dans une France qui vit sa première révolution industrielle. Comment leurs aïeux immigrés de l’intérieur et de l’extérieur ont bâti cette nouvelle France, encore coloniale. Comment celle-ci s’est reconstruite après la première guerre mondiale grâce à cette main d’œuvre venue de l’étranger.
Épisode 2 : 1927-1954. Des héros dans la tourmente
Nos héros dans la tourmente ce sont ces immigrés qui sont venu trouver refuge en France à la faveur de la montée des périls dans toute l’Europe, au tournant des années 30 et de la crise économique qui a secoué le monde alors. Accueillis dans une France qui veut augmenter sa population, et faire de tout arrivant un français, ils vont vivre la pire période de rejet des étrangers de notre histoire.
Ce sont eux qui sont montrés du doigt quand la crise atteint la France, quand la production chute et le chômage augmente, qu’on reconduit les travailleurs étrangers à la frontière, et cherche à restreindre l’accès aux professions libérales.
Ce sont eux qui ont vécu la parenthèse du front populaire et des lois sociales pour tous, français et étrangers, puis ont connu les premiers camps d’internement quand le gouvernement Daladier puis de Vichy a préféré se méfier d’eux plutôt que de combattre les périls.
Ce sont eux enfin qui ont pris les armes et irrigué la résistance au nom des valeurs de la république en espérant qu’à la libération, leur rôle de citoyen serait enfin reconnu. C’est cette histoire que nous racontent leurs enfants et petits-enfants.
Épisode 3 : 1954-1973. La gloire de nos pères
Ces pères ce sont ceux qui font entrer la France dans la modernité à la faveur du boom économique des trente glorieuses, ces nouveaux arrivants qui permettent à ceux arrivés avant eux de grimper un peu dans l’échelle sociale.
Mais ce qui pourrait ressembler à la répétition des cycles précédents (1880 ou 1920), quand la France est allée chercher à l’extérieur les forces vives dont elle avait besoin pour se construire ou se reconstruire, va prendre un tour différent à la faveur de la décolonisation et surtout de la guerre d’Algérie. Les travailleurs algériens vont devenir les ennemis de l’intérieur et catalyser pour longtemps les rancœurs des nostalgiques de la domination par la race.
Derrière eux, ce sont des centaines de milliers de travailleurs émigrés et leur familles qui vont venir du Portugal, d’Espagne, d’Italie et qui vont eu peu à peu s’intégrer « silencieusement » sans être ciblés par les discours politiques et les actions policières.
Ce sont leurs enfants, petits-enfants qui racontent cette page de l’histoire française, de la déchirure algérienne à l’espoir de l’ascenseur social par l’école, de l’acharnement au travail aux prises de paroles d’après 1968 , de l’antiracisme aux ratonnades, du rock aux grandes vacances, ce moment où le retour au pays n’est plus qu’un passage, avant de revenir là où les nouvelles générations vont faire leur vie.
Épisode 4 : 1974-2005. Générations
100 ans après la naissance de la troisième république, le français type a de multiples visages, de multiples origines, surtout lorsqu’il gagne la Coupe du monde de football. Crise, mondialisation, tension ethnique, le dernier épisode de la série pourrait être bien sombre, et pourtant, les générations d’après 1974, celles qui n’ont connu que la crise, racontent aussi une autre histoire, où le récit de vie des parents, des origines, se mêle à une volonté d’être citoyen ici.
D’abord, il y a la génération née dans les toutes nouvelles cités HLM, qui absorbent peu à peu celle venus des bidonvilles, une nouvelle génération née en France sûre de ses droits et de son avenir tracé par le travail de leurs parents.
Mais quand la crise surgit à la fin des années 70, l’État réagit comme à son habitude en considérant qu’il n’a plus besoin de main d’œuvre immigrée. Il instaure la prime au retour pour les immigrés déjà installés mais se heurte à la réalité sociale issue des trente glorieuses: les projets de vie des immigrés sont en France, leurs enfants des Français comme les autres : ils s’unissent pour le clamer lors des grandes marches de 1983 et 1984.
Les générations suivantes vont grandir en même temps que le repli identitaire va envahir peu à peu tout l’espace politique. Des premières commissions sur la réforme du code de la nationalité en 1986 jusqu’à la création du Ministère de l’identité nationale en 2007, en passant par la loi sur le voile de 2004, la question de l’immigration redevient un enjeu politique, comme dans les années 1880 ou les années 30. Mais pour la première fois ce sont des Français qui sont au centre du débat, ces jeunes qui nous racontent leur France, métissée, celle Black Blanc beur mais pas seulement, celle qui cherche sa voie dans un monde profondément multiculturel et mondialisé.
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